jeudi 24 janvier 2013

Mattr. - I Ate Some Darkness (Self Released) 2013

"this is an album. it's an album i had been working on for quite some time. it's far from being perfect and even further from being perfectly or professionally mixed and mastered, but i think it's pretty good, but never trust the people. you have already known that, i guess."

Apparition inexpliquée, phénomène surnaturel, tout ce que peut laisser sous-entendre cette silhouette juvénile à l'allure presque ectoplasmique choisie pour illustrer cet opus. Le genre d'artwork intrigant au possible souligné par un petit détail, cette flèche rouge pointant cette minuscule masse noire, comme pour cibler un OVNI apparu on ne sait où, on ne sait comment. Canular ou pas, I Ate Some Darkness quand à lui, ne triche pas. Accouché en tout début d'année par le suisse Mattr. basé à Berne, qui nous régalait il y a tout juste 4 mois d'un autre excellent album (Wasting my life, en écoute ici), le beatmaker revient en force avec cette production solide, aux confins d'un abstract hip-hop plus noire que noire, bien plus que son prédécesseur, malgré une atténuation notable en milieu d'album. Le niveau monte d'un cran, constat d'autant plus honorable puisque excepté l'artwork, Mattr. s'est occupé d'absolument tout: production, mix et mastering. Un DIY mêlé à une grande modestie, à en croire les quelques mots laissés par le musicien sur son bandcamp.

A world I used to know entame le périple, le ciel est pourtant dégagé, mais rapidement saturé de cumulus opaques aux couleurs peu rassurantes. Guidée par un beat de 10 tonnes sans concession, cette mécanique là est inébranlable, plante ses fondations à des centaines de mètres en profondeur, éviscérant les sols, fracassant les architectures. Parenthèse ouverte, si Mondkopf se mettait au hip-hop, il y a de grandes chances que ça ressemble à ce morceau. Parenthèse refermée. Au fil de l'album, l'ambiance évolue, joue en dents de scie entre noirceur extrême et douce tristesse. Retenons ainsi le contraste entre le flippant Life Is Over There, ses voix glaciales sorties d'outre-tombe, non-identifiables, ses blips abyssaux, avec à l'opposé de ce tableau le magnifique All the pain I did not feel, (presque) seul essai au piano de l'album.

Ce qu'il y a de remarquable dans tout ce travail, c'est cette capacité à ne pas nous ennuyer une seule seconde. La temporalité est extrêmement bien maîtrisée, les tracks évoluent sans cesse, relancent leur machinerie à des moments terriblement bien choisis. C'est le cas notamment de They will forget the light qui a mi-parcours, usant toujours des même outils, arpente une direction totalement différente pour débouler sur une deuxième partie tout simplement superbe, gonflée d'émotion feutrée par une voix féminine samplée face à laquelle il est difficile de rester de marbre. Dans le même registre, impossible de passer à côté d' I had been hungry all the years, plus downtempo dans l'âme. une nouvelle fois, nous sommes pris à contre-pied, ayant l'impression d'écouter plusieurs titres mixés en un seul. Grave erreur, après nous avoir mis à l'écart à grand coup de pelle dans la tronche, le beatmaker nous rattrape au dernier moment pour réitérer l'affaire une nouvelle fois. Multipliant les fausses pistes, il parvient tout de même à garder une grande cohérence et de ce fait à susciter une grande admiration. Il se joue de nous, et on tombe carrément dans le panneau.

Personnalité discrète du fait de sa parfaite autonomie (même si l'on est d'accord, les deux ne font pas forcément la paire), la musique de Mattr. n'en demeure pas moins poignante, faisant écho d'une grande maturité. À suivre de très près donc. Par ailleurs, le téléchargement digital permet de débloquer 3 pistes bonus pour lesquelles je vous laisse faire votre propre opinion.

La grande classe, Have Faith!


dimanche 13 janvier 2013

Saåad - Orbs & Channels (Hands In The Dark - HITD014) 2013



Après avoir tenté de digérer cette année 2012 riche en découvertes et en surprises, il est temps de passer un cap. L'année 2013 s'annonce tout aussi intense, ce Orbs & Channels en est d'ores et déjà un bel exemple. Vous remarquerez donc qu'une nouvelle fois, la musique "atmosphérique" est mise en avant, c'est un choix pleinement assumé. Je n'aime pas dire ce genre de choses, car ça ne fait pas 15 ans que j'en écoute, mais l'IDM peine à se renouveler, ou peut-être qu'elle ne me fait plus vibrer comme avant, à quelques exceptions près bien entendu. Le top 2012 vous apportera les réponses quant aux noms auxquels je pense. Nous gardons tout de même foi en ce style, 2013 sera sûrement un nouveau départ. Parenthèse refermée, revenons à nos moutons. Un brin de chauvinisme pour cette fois, avec le retour en force du duo toulousain Saåad (Romain Barbot, Greg Buffier) qui fin janvier prochain nous régalera d'un nouvel album. À vrai dire, leur premier album en duo, purement personnel donc, Confluences et Sustained Layers étant soit une commande soit une collaboration.

10 nouveaux morceaux, s'étalant approximativement entre 2 et 6 minutes. Drone monolithique et ondulation de cordes. Pièce impressionnante, d'une intensité inouïe, entre architecture en acier trempé et structure rocheuse érodée par les éléments. Orbs & Channels, une oeuvre aérienne qui nous aspire vers des degrés stratosphériques. L'immersion se veut radicale, pleine et inconsciente. Une forme d'hypnose qui prend vie dès les premiers instants de Hieronimus et ses drones épais comme des portes blindés. Tout aussi imposante que majestueuse, cette pièce là culmine alors sur une ambiance des plus monacale. La taloche était déjà à prévoir. Les deux acolytes savent réellement y faire, tiennent en haleine du début à la fin en dépis du caractère impénétrable de leur production. Comme mentionné plus haut, ce bloc de granit est bel et bien poreux, creusé de part en part à l'aide de tout un panel d'effets bien sentis.

À l'image du douloureux Forever Late, l'album réussit avec précision à créer un juste milieu entre nappes opaques et émotion à l'état brut, tout autant au sein même des morceaux que via leur enchaînement, qu'il aurait été difficile de mieux penser d'ailleurs. Que dire alors de Hangover #8, puisque jamais auparavant une gueule de bois ne vous aura paru aussi agréable. Du grand art. Au moment même où j'écris ces lignes, un morceau me reste en tête, même après une vingtaine d'écoute. Celui qui viendra parfaire cet objet déjà si admirable. Celui qui clôture un album de la plus belle des manières, cette "drogue douce" dont on ne peut plus se passer. N'ayons pas peur des mots, Soft Drug est l'un des plus beau morceau qu'il m'ait été donné d'écouter. Fallait quand même avoir des burnes pour oser le placer à la fin d'un voyage déjà excellent. Le coup de poker qui calme tout le monde et qui impose le respect.

Chaque morceaux mérite quelques lignes, tant ils sont uniques et captivants. Impossible d'oublier la magnificence d'Au delà, la force inébranlable de ses soubassements (tout comme Potsdamer Platz, Lure Of Conquests), le charisme sans faille de cette guitare obnubilante qui oscille, reste fidèle à elle même, humble. Il m'aura fallu pas mal de temps pour écrire sur cet album, que j'ai tenté de comprendre petit à petit. Chaque nouvelle écoute n'a fait que renforcer mon enthousiasme à son sujet. Un disque qui fluctue entre terreur abrasive et beauté ensorcelante, ou terreur ensorcelante et beauté abrasive, à vous de voir.

Have Faith!

(Édition limitée, très limitée, foncez vous procurer la cassette ici!)


jeudi 10 janvier 2013

Synthetic Violence - Our Heaven (Abstrakt Reflections - AR_026) 2012




L'expérience que propose Our Heaven est celle que chacun d'entre nous peut connaître, qu'aucun de nous ne souhaite oublier, un rêve totalement halluciné, un idéal empli de passion d'un réalisme transcendant. Dans The day when I first saw you, ce rêve éveillé est avant tout une rencontre, une émulsion douce et raffinée, on ressent une étrange légèreté, un flottement, tout n'est que paix et c'est pourtant une réflexion profonde et intense qui prend progressivement le pas sous le courroux d'un beat enjoué. Toute cette agitation synaptique ne fait cependant pas écho sur l'harmonie dominante qui a le dernier mot.

Cette cure si voluptueuse, douce en apparence est la cause de séquelles cognitives alors imperceptibles que les sons raffinés de Rare neurological condition et You alone will have the stars as no one else has them viennent introduire. Une métamorphose s'amorce alors avec le premier, c'est en fait une invitation masquée aux émois oniriques. Celle ci se dévoile, plus stridente que prévu, bosselée de glitches sur une rythmique déterminée, piste emplie de sonorités percutantes contrastant avec l'arrivée massive de son successeur qui lui, façonne le rêve, l'environnement et lui confère un visage, un caractère, une expression unique qu'aucune autre identité ne saurait arborer.

Our Heaven, titre éponyme, est la finalité de ces efforts. L'univers est en place, tout n'est que plaisir, liberté, plus rien n'est impossible. Non vous rêvez bien, mais vous êtes éveillés, chaque son veut résonner plus loin et toujours aussi fort. C'est un voyage au cœur de l'inconscient où tout, jusqu'au fracas imperceptible des masses gazeuses enivrantes, semble vouloir suivre une certaine vision de la perfection. I am drowning in your eyes, c'est cet instant, magique, envoûtant où elle apparaît. Une entité spectrale, qui n'a rien de désagréable. Elle vous observe, cherche votre regard, elle esquisse un sourire laissant comprendre toute la bienveillance qu'elle a à votre égard. Plus rien ne compte, seuls des battements et souffles constants viennent embellir l'infinie tendresse de ce moment.

C'est en recherchant un contact plus physique que survient cette agitation soudaine. Pain as a source of pleasure, ce mouvement cérébral, vient balayer la quiétude environnante, cette apparition si pure s'en va en lambeaux, laissant place à un beat violent, certainement le plus terrible. Une douleur féroce se fait sentir, il faut s'en nourrir. Puis fuir, là où la nature se réfugie dans ce qu'elle a de plus beau à nous offrir, ce que développent Dreams of whales, Escape from the sun ou encore Clouds are like ocean of milk à travers différents éléments et agglomérats substantiels, toujours dans une sérénité exemplaire. 05min02 pour agir, ce rêve ne peut finir. Il doit continuer, aborder l'éternité, thématique onirique finale largement déblayée, propulsée sur un rythme déchaîné via On the edge of ethernity (for Mark), une conclusion en apothéose.

Le portrait doux et non moins virulent d'un paradis que chacun conçoit à sa manière, tantôt dépeuplé sitôt repeuplé. Une ode à l'amour que chacun porte en soi, qu'il confine dans un bouquet d'émotions et d'émerveillements. Our Heaven vante avec brio les mérites de l'expérience onirique que peut représenter une vie, jusque dans ses derniers instants, aux frontières de l'infini. Percutant, époustouflant.

- Trebmal -


jeudi 3 janvier 2013

Bilan 2012 - Tops annuel

Impossible d'être synthétiques. Il n'est aucunement question de cracher 3000 noms par catégories, ce qui de surcroît rend la tâche difficile (qui est déjà bien ardue) et surtout hasardeuse. Si vous avez suivis soigneusement chaque article de ce modeste webzine, et un tant soit peu l'actualité facebookienne, vous vous rendrez compte que ce classement est différent. Il ne prend pas en compte (ou presque) les albums défendus par ici. C'est donc notre premier bilan annuel, et ayant passé une année relativement chargée, il est fort probable que nous soyions passés à côté de pépites qui à coup sûr auraient fini dans nos colonnes.  Plusieurs très bons labels sont donc passés à la trappe. Désolé pour eux. Trêve de suspense, des noms, des liens, point barre!


Albums:


1 - Nebulo - Cardiac -  (Listen)
2 - Syndrome - Now and forever - (Listen/Watch)
3 - Bersarin Quartett - II - (Listen)
4 - VNDL - Gahrena : Paysages Electriques - (Listen)
5 - Evan Caminiti - Night Dust - (Listen album preview)
6 - Shifted - Crossed Paths - (Listen one track)
7 - Talvihorros - And It Was So - (Listen two tracks)
8 - Kane Ikin - Sublunar - (Listen/Watch)
9 - Vieo Abiungo - Thunder May Have Ruined The Moment - (Listen)
10 - 36 - Lithea - (Listen)
11 -  Spheruleus - Cyanometry - (Listen)
12 - Paskine - UNTTLD - (Listen)
13 - Valgeir Sigurðsson - Architecture of Loss - (Listen album preview)
14 - Sturqen - Raia - (Listen)
15 - Insa Donja Kai - Insomnie Joyeuse - (Listen)
16 - Monolake - Ghosts - (Listen album preview)
17 - Talvekoidik - Negotiate The Distance - (Listen one track)
18 - Damian Valles - Non Parallel - (Listen excerpt)
19 - AfarOne - Lucen - (Listen)
20 -  Aluk Todolo - Occult Rock - (Listen two tracks)
21 - Matter - Solid State (minialbum) - (Listen)
22 -  Ekca Liena - Light Procession - (Listen)
23 - Listening Mirror - On The Passing Of Chavela - (Listen)
24 - Saåad - Confluences - (Listen)
25 - Delphine Dora - A stream of consciousness - (Listen)
26 - Tobias Hellkvist - Everything Is Connected - (Listen album preview)
27 - ULNA - Ligment - (Listen)
28 -  Christ. Cathexis Motion Picture Soundtrack - (Listen)
29 - Évo Lüthi with Monolyth & Cobalt - Le Parfum - (Listen)
30 - Recondite - On Acid - (Listen excerpts)
31 - Bvdub - The First Day - (Listen album preview)
32 - The Blood of Heroes - The Waking Nighmare - (Listen one track)
33 - C_C - Retroaction - (Listen
34 - Sync24 - Comfortable Void - (Listen)
35 - Fire! with Oren Ambarchi - In the Mouth - A Hand - (Listen one track
36 - Orbique - Always Now Never After - (Listen)
37 - r.roo - Mgovenie - (Listen)
38 - D.Rhöne - Chapt.1 - (Listen)
39 - Zelienople - The World Is A House On Fire - (Listen)
40 - Eversham - Eversham - (Listen)



EPs:

1 - Thot - The Fall Of The Water Towers - (Listen)
2 - Ynoji - Quemira - (Listen)
3 - Kangding Ray - Monad XI - (Listen)
4 - Spheruleus - Revolving Fields - (Listen)
5 - Sawlin - Vault Serie 12.0 - (Listen)
6 - Leonardo Rosado - The Blue Nature Of Everyday - (Listen)
7 -  Trollhead - On The Loose - (Listen)
8 - Kaeba - Synthetic Ice Cream [For Droids] - (Listen)
9 - Moiré - Hush - (Listen)
10 - Aynth - Maeát - (Listen)



Splits:


1 - Akito Misaki/Colony - Cities Apart - (Listen)
2 - Talvihorros/Ekca Liena - Swarm with Swarms (Listen 2 tracks)
3 - ___dREàgänN!!!, Julia LaDense & Mantichora - Dark. - (Listen)
4 - Brume / Oublier Et Mourir - A Year To Live (Practice Dying) - (Listen)
5 - Pleq/Philippe Lamy - (Listen
6 - Year of No Light / thisquietarmy - (Listen)



                                                    Révélations/Revelations:



1 - Brou de Noix (Series EP) - (Listen)
2 - Orbique (Always Now Never After) - (Listen)
3 - Eugene Hammond's Ramshackle Black Packard - You Stretch Clear Into The Distance - (Listen)
4 - Label Etched Traumas - (Bandcamp)



Labels:


1 - Xtraplex Records
2 - Denovali
3 - Hymen Records 
4 - Blwbck
5 - Kvitnu 
6 - Stroboscopic Artefacts
7 -Bedroom Research  
8 - 12k
9 - Abstrakt Reflections
10 - Home Normal


Artworks:

1 - VoxxoV Records - Fall Is A House Of Gold And Rain (Compilation) - (Here)
2 - Xtraplex Records - (Here)
3 - Richard Devine - Risp - (Here)
4 - Spheruleus - Cyanometry - (Here)
5 - D.Rhöne - Chapt.1 - (Here)