vendredi 17 août 2012

Colony / Akito Misaki - Cities Apart (IIIHIII 03/2012)




Les premiers instants sont cruciaux. La lecture est lancée, et il suffit parfois de quelques poignées de secondes pour comprendre que l'oeuvre tiendra toutes ses promesses. Tendus comme des nerfs de boeufs, nous laissons s'écouler les pistes en espérant que le plaisir se prolonge sans interruption. Une certaine angoisse qui toutefois s'estompe au rythme de l'engrenage des morceaux. Tel est le cas de ce Cities Apart, bouleversant dès son entrée en matière. Né de l'association de Colony et Akito Misaki, l'album en question réunit deux musiciens qui en réalité ne se sont jamais rencontrés, peut-être même jamais vus ne serait-ce qu'en photo. Quelques conversations sur les réseaux sociaux par mails interposés ont suffit pour mettre à l'unisson les intéressés. Dumoins c'est ce que semble démontrer le fruit de cette collaboration étonnante. Deux inconnus qui pourtant donnent l'impression de se connaître sur le bout des doigts. Car même si chaque piste (mise à part Still Sending Letters) est produite à tour de rôle par chacune des deux têtes, l'enchaînement laisse à penser que le duo a fusionné en une seule et même entité.

Chef d'orchestre de cette pièce intimiste nageant entre néo classique, ambient et electronica cotonneuse, la piano est omniprésent sur les morceaux du Japonais, mais totalement absent en ce qui concerne Colony.
C'est en tout cas un penchant assurément nostalgique qui vient couvrir l'album d'un linceul de soie grisâtre, et qui équilibre la balance de la double vision de ce Cities Apart, qui peut être compris de bien des manières. Sorte de portrait urbain en 9 phases, le disque semble exprimer un souhait de renouveau, ou une certaine angoisse des années à venir. Libre à chacun de s'inventer sa propre histoire, car les associés ne semblent pas mettre en avant un message précis, ou détenir une vérité irréfutable. Tel que Colony le dit lui même, " As usual, I'm not going to tell you what this music is really about. Go and check for yourself. We all have different answers. Maybe yours is better than mine. Maybe it is the right one. Maybe not. ".

La libre interprétation, raison principale pour laquelle le contenu est si attachant, car chaque piste peut refléter des sentiments plus personnels.
Nous défendions plus haut la prépondérance des premiers instants. Votre épopée subliminale débute en un claquement de doigt, comme si le déclenchement du premier morceau vous hypnotisait en déboursant rubis sur l'ongle. Les douces émanations electronica tendent à disparaître au fil des titres, tous plus beaux les uns que les autres. Le glitch délicatement saupoudré apporte un réalisme certain, mimant les imperfections et autres erreurs de geste d'une sculpture de marbre d'ores et déjà achevée, qui excelle par sa perfection physiologique. Le beat n'est représenté qu'en première partie, mais parlons-en. Rarement à mes yeux il n'aura paru autant en adéquation avec ce qu'il accompagne. Entre les battements sourds du sublimissime Memory. Past. Future. Crime And Punishment, les clicks and cuts aiguisés de Wearing The Dress Of Someone Else ou encore la rythmique crépusculaire d'un The House Of My Dreams Is Made Of Glass, il apparaît évident qu'en dépis d'un très grand soin accordé aux nappes, les drums sont loins d'être mis de côtés. Au contraire, les couches coexistent en pleine démocratie, chacune venant ajouter sa pierre à l'édifice. Le piano de l'un et les nappes analogiques de l'autre bouclent cet album. Il n'y a aucune comparaison à tenir entre les deux hommes, chacun a sa technique, son instrument fétiche. Une chose est sûre, ils s'aspirent mutuellement vers le haut. 

Tomber sur un bijou comme celui-ci est je pense la meilleure manière de contourner la règle première du blog qui se veut à la base anti-actualité. J'espère donc que vous me pardonnerez. Une dernière chose, pour enfoncer le clou, l'album est téléchargeable gratuitement...

Have Faith!



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