dimanche 5 août 2012

Einóma - Milli Tónverka (VFORM031 - Vertical Form) 2003


Adulateurs ou adulatrices d'IDM concassée, vous suivez le chemin qu'il faut. Vous qui chérissez tant les VNDL, les Dodecahedragraph, les sublimes sorties signées Xtraplex ou Tympanik, votre incessante quête de sonorités organiques aux rythmes brisés devrait se poursuivre plus qu'honorablement grâce à cet album proposé par un duo Islandais pour le moins exceptionnel. La carrière de Bjami Þór Gunnarsson et Steindór Grétar Kristinsson en est encore à son exorde lors de la sortie de ce Milli Tónverka qui étonne tout autant qu'il impressionne, car je dois avouer que les deux acolytes sont loin d'être débutants en matière de musique abstraite. Einóma aligne son savoir faire indiscutable en sound design pour les fractions cybernétiques enveloppant l'album, même s'il reste certains que leur talent déteint avec autant de réussite sur les mélodies accompagnatrices.


Avec le recul, Milli Tónverka, qui a déjà presque dix années d'existence, reste irréfutablement dans la course, et ne souffre absolument pas de son âge avancé, sur une scène qui se veut en priorité innovante. Il n'apparaît alors pas étonnant que cet album ai reçu des retours si positifs, tant il fut en avance sur son temps. Paru sur la sérieuse structure Londonienne Vertical Form créée peu avant l'aube du troisième millénaire, la production se rapproche parfois d'Integral (The past is my shadow) dans sa manière de traiter ses drums ou d'insérer quelques émanations de cordes (Blindhæðin). De quoi rassurer les allergiques du cybernétisme sonore poussé, que l'on défend tant dans ces pages. Le talent dévoilé ici n'est pas une surprise en soi, si par bonheur Undir Feilnótum a croisé votre route. C'était en 2002, c'était un premier coup d'essai, c'était déjà fantastique (écoute ici).

La barre est placée encore plus haute, et la punition est infligée d'emblée par Á floti dont la cadence au premier abord bancale est soutenue par les nappes obscures qui viennent arrondir les angles de cette piste verbeusement inflexible. Le beat est solide, puissant, les kicks lourds et sourds à la fois démolissent les entres à grands coups de béliers qui prennent alors des allures d'hydres invulnérables blindées à l'acier trempé et au béton armé. Les pistes sont la plupart du temps très alimentées, les moments de répits sont souvent brefs et inquiétants, autant dire que la démonstration de force sera éternelle. Samples liquides, rythmes opaques et mélodies cristallines se font échos sur le somptueux Eindir qui fait office de transition de l'obscur vers un renouveau plus étincelant, une grande bouffée d'air à la surface avant une seconde descente dans les abysses (Öldugangur). Les silhouettes disparaissent dans les tréfonds de l'immensité dont on ne discerne plus rien désormais. Le silence s'empare de tout, nos seuls sens rescapés nous jouent des tours, on se sent comme scrutés, les formes nous frôlent, nous heurtent, notre corps perçoit les remoues et l'angoisse monte, obstruant nos seuls faits et gestes. Glacial morceau que ce Vetrarvélin, stéréo obligatoire pour vivre pleinement l'expérience sonore créée par les deux compères. Les blips font état de l'immensité du lieu dépeint, nos yeux ne pouvant désormais plus rien capter du paysage présent. Troublant. 


La suite est toujours dans cette lignée intrigante qui a je l'espère fait le bonheur de vos oreilles lors de l'écoute des premières pistes. Ces Islandais sont de réels artisans du son, se jouent se l'espace et du temps avec autant de facilité qu'un gamin trifouille sa pâte à modeler. Et lorsque le rideau se ferme sur Blindhæðin,  on ne peut que hausser les sourcils et rester bouche bée pour un duo qui vient de nous achever en nous submergeant de maîtrise, et qui vient de propulser cet album sur le podium du blog. Un sans faute, plus que vivement recommandé vous l'aurez compris.


HAVE FAITH


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