samedi 28 avril 2012

Orbique - Always Now Never After (Rec72-045) 2012


(Chronique écrite pour IRM disponible également ici)

Il y a tout juste trois semaines et des poussières sortait le 4ème opus de Marcin Mis alias Orbique, producteur polonais vivant à Wroclaw. Au vu de la qualité de l’album, cela ne fait que me conforter dans mon idée que l’Europe de l’Est prend un poids exponentiel en terme de bidouille électronique.
L’album a vu le jour sur le jeune netlabel Rec72 basé à Cologne.

C’est une électronica plutôt lugubre à laquelle nous confronte le jeune producteur. Comme en témoigne la jaquette, l’album nous plonge au coeur de catacombes froides, à l’intérieur desquelles le son joue avec l’espace, se balade à sa guise au fil de notre avancée aveugle. Beverly Hills 90210 en est le parfait exemple, avec ses nappes sourdes, étouffantes, ainsi que les échos et autres reverbes qui viennent poser cette ambiance si souterraine.

Orbique use avec adresse des mélodies, qu’il parvient à intégrer en complément de sonorités beaucoup plus dures et expérimentales. Comme si, en plein moment de doute, à arpenter ces sous-sols, une once d’espoir s’offrait à nous, qui nous pousserait à continuer d’avancer, sans réfléchir.
C’est cet élan d’optimisme qui nous permet, l’espace d’une dizaine de minutes, de remonter à la surface via la 11ème piste assez étonnante, quadriptyque assemblé de field recordings.
Seulement, nous ne sommes pas là pour nous épanouir dans des champs de roses ! Sans pitié, le producteur nous replonge dans son univers froid, humide et infini, à l’image d’un Last Look des plus abyssaux.

Profond, puissant et intriguant.

Vous pouvez écouter et télécharger librement l’album ici.

Have Faith!

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(The review was written for IRM, and is available here.)


About 3 weeks ago released the fourth work of Marcin Mis aka Orbique, polish producer living in Wroclaw. Refering to the the quality of the album, this strengthen my idea that Eastern Europe is gaining in stature concerning electronic tummy.
The album was born on the young Rec72 Netlabel based in Cologne.

This is a quite gloomy electronica from which the young producer confront us. As evidenced by the cover, the album plunges us into cold catacombs, in which the sound plays with space, wanders at will over our advanced blind. Beverly Hills 90210 is a perfect example, with its dull synth-lines, stuffy, with the echoes and reverbs which set in this underground atmosphere.

Orbique uses skillfully melodies, he manages to integrate in addition to sounds much harder and experimental. As if, right in time of doubt, surveying this underground place, an ounce of hope was offered to us, which would actuate us to keep moving without thinking.
It is this outburst of optimism that allows us, during ten minutes, to rise to the surface with the 11th track pretty amazing, quadriptych assembled with field recordings...
But we are not there to flourish in the fields of roses! Ruthless, the producer takes us back to his cold world, wet and infinite, just like the very abysmal Last Look.

Deep, powerful and intriguing.

You can download for free and listen to the album here.

Have Faith!

vendredi 27 avril 2012

And if God? -Plants and trees (Concrete Curving Records- CCCV016) 2009



Concrete Curving Records est un petit label associatif basé à Nantes. Malheureusement, plus aucune nouvelles depuis décembre dernier, plus aucun signe de vie...
Bref, le label se veut assez ouvert, même si le post-rock (oui, ça change!) et les musiques expérimentales sont plutôt récurrentes.

L'album dont nous allons parler est sorti en 2009, c'est le 3ème produit par And if God?, projet à propos duquel je n'ai trouvé au final presque aucune informations!
Je lance donc l'écoute sans réellement savoir à quoi m'attendre, le disque est assez court (18 minutes) mais bien produit.

Celui-ci s'ouvre sur une piste ambient assez intriguante, faite de grésillement et de voix lointaines. C'est finalement avec le ton mélancolique de la deuxième piste que l'album se plonge dans son propre univers. Le field recording (ou devrais-je dire urban recording?) est complété de sons stridents (je préviens d'avance, ça fait mal aux tympans...) qui viennent agrémenter une beat breaké aux ascendants abstract hip-hop. On sentirai presque une tension contenue, une sorte de cocotte minute prête à exploser.

L'album oscille entre ambiances paisibles, qui poussent à l'introspection et à la réflexion, avec des pistes telles que la très groovy Focus, ou Height qui clôture ce Plant and Trees, et des séquences beaucoup plus intenses comme en témoigne le puissant Land qui délivre un post-rock (post?) nerveux, lourd et extrêmement percutant, ainsi que le magnifique titre éponyme, aux sonorités très nord-américaines.
Ce sont ces deux forces là qui se côtoient, qui jouent ensemble, et se complètent.

L'album vaut la peine de s'y intéresser, car à travers ces quelques minutes d'écoute, le 7 titres parvient à poser son univers, et surtout à nous surprendre.

Tracklist et téléchargement ici. Concernant le label, au vu de la fréquence des sorties, je pense (et j'espère!) que l'on verra rapidement de nouvelles productions!


Et au passage, pour tout les amateurs d'ambient épurée, je vous conseille le premier LP de MElt, sorti chez CCCV également. (ici)

Have Faith!

dimanche 22 avril 2012

Stahlfabrik - Groc (A.M.P Records-amp111) 2011



La nouvelle trouvaille de la semaine se situe outre-atlantique, plus précisément au Mexique avec ce netlabel prometteur qui recèle de bien belles productions. Plus de 100 albums à son actif, le label tend à concentrer sa musique autour de nombreux genres (musique concrète, electroacoustique, shoegazing...) plus ou moins axés sur l'expérimentation.

Je ne me suis rendu compte qu'après l'écoute de l'album qu'il s'agissait d'une production-hommage, car il s'avère que le 4 titres est dédié à Conrad Schnitzler, grand précurseur en matière d'électronique expérimentale.
Il a notamment travaillé avec Klaus Schulze (dont nous avions déja parlé concernant l'album d'Etienne Jaumet) au sein du groupe Tangerine Dream, figure marquante de l'électronique fondé à la fin des années 60).
Sa discographie monstrueuse montre à quelle point sa musique a pu influencer les producteurs plus actuels, tels que Stahlfabrik dont nous allons parler.

4 pistes constituent l'album Groc. Celles-ci sont plus ou moins bien réparties, et l'expérience dure environ 1h. Tout le travail repose sur la modulation et autres bidouillages de synthétiseurs.
Les machines sont toujours très texturées, rugueuses, et laissent échapper des sonorités épileptiques, à l'image de ces petits clapotements aiguës de clavier qui nous transportent tout droit dans les années 70. C'est un son difficile à décrire, mais que vous reconnaîtrez très rapidement à l'écoute de 13:57, superbe morceau d'ouverture.
La musique de Stahlfabrik se veut donc immersive, hypnotisante, et surtout abstraite. 17:28 en est l'exemple précis: ses synthétiseurs sont durs, froids, distants, voire fantomatiques.
Comme vous l'aurez compris, les pistes n'ont pas de nom, mis à part leur durée. Tout celà forme alors un grand brouillard, on ne sait pas trop où se placer, les tracks sont tellement intrigantes qu'on se laisse totalement happés par leur atmosphère irréelle, mais à la fois qui nous laisse entrevoir une esquisse de réalité lorsque l'on s'y abandonne pleinement.
16:21 est ma préférée. Une sorte de coma éveillé, totalement laborieux, vaporeux, qui pendant toutes ces minutes nous installe à bord d'un train à vapeur, à l'intérieur duquel tout nous est complètement flou et incompréhensible. Nous avons l'impression que nos sens sont totalement brouillés, plus aucun objet ne nous sert de repère, mis à part le bruit de vapeur de ce train dont on ne sait rien, ni d'où il vient, ni où il va.

Un bel hommage, une grande réussite selon moi!

Have Faith!

Télécharger l'album ici.




dimanche 15 avril 2012

2methylBulbe1ol-Quelques siècles d'insomnies (2008)



Derrière ce pseudonyme étrange (visiblement issu d'un assemblage de radicaux chimiques) se cache un jeune Bisontin adepte des expérimentations sur machines...Outre ses sorties dubstep des deux dernières années (et entre autre son dernier EP Golem en libre écoute ici), l'IDM fait également partie de sa discographie. Après avoir sorti 2 EP en 2008 sur le netlabel Abyssa, Quelques siècles d'insomnie voit le jour un an après en format 12".

Beaucoup plus sombre et percutant que ses prédécesseurs, cet EP dévoile une facette bien plus industrielle et enragée du personnage. Une rage à moitié contenue, presque intériorisée parfois, et exprimée par des beats destructurés, comme en témoigne Nocturne, piste la plus sauvage du 5 titres.
Nous pourrions presque trouver à l'EP une petite touche cinématographique (steampunk?), tant les basses prennent aux tripes de par leur ton assurément grave.
L'introspection peut également définir l'EP, notamment avec la piste Neuf Clous dans lequel l'artiste utilise des sonorités cristallines à la manière d'un Pantha du Prince passé du côté obscur.
C'est cette noirceur là qui au final rend Quelques sommeil d'insomnies si fort, malgré sa courte durée (tout juste 20 minutes).

Petite préférence pour la 4eme piste Vagues Souvenirs qui déploie, après une introduction bien pensée, un beat profondément lourd et puissant. La tension est palpable, ça fait froid dans le dos!
L'EP termine sa course effrénée sur un titre plus abstrait (qui me rappelle étrangement Cecc d'Autechre) dont les nappes prennent peu à peu en épaisseur et en force.

Pour conclure: "un album à écouter sur sa platine lorsque la nuit commence à s'en aller."

Have Faith!

Tracklist complète

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Behind this strange pseudonym (visibly a blend of chemical radicals) hides a young Bisontin (Besançon, France) follower of experimental sounds ... In addition to his dubstep releases from these past two years (and especially his last EP Golem in free listening here) IDM takes also part of his discography. After releasing two EP in 2008 on the netlabel Abyssa, Quelques siècles d'insomnies (Centuries of insomnia) was born a year later in 12".
Much darker and powerful than its predecessors, this EP reveals a much more industrial and enraged side of the character. An half suppressed rage, sometimes almost internalized and expressed in deconstructed beats, as attests Nocturne, the wildest track of the 5 titles.
We could almost find a cinematographic touch (steampunk?), with the bass which tears your guts out because of certainly grave tone.
Introspection can also define the EP, especially with the track Neuf Clous in which the artist uses crystalline sounds like a Pantha du Prince turned to the dark side.
It is this darkness which ultimately makes Quelques siècles d'insomnie so strong, despite its short duration (only 20 minutes).

Personnal preference for the 4th track Vagues Souvenirs which arrays, after a thoughtful introduction, a deeply heavy and powerful beat. The tension is palpable, that's spooky!
The EP ends up its frantic run with a more abstract track (which strangely reminds me of Autechre-Cecc) whose synth-lines gradually gains in thickness and strength.

To conclude: "an album you've to listen on your turntable when the night starts to go away."

Have Faith!

samedi 7 avril 2012

Lo Dev Alm-It is later than you think (Chew-z CWZ003) 2007



C'est en 1999 que débute le projet solo de Daniele Pagliero aka Lo Dev Alm. Après s'être intéressé à de nombreux styles musicaux ( il a notamment été bassiste au sein du groupe Scumcide, et a par ailleurs beaucoup travaillé sur des projets d'improvisation électroniques), l'italien originaire de Turin se lance dans ce nouveau projet grâce à son premier EP Eye/Mouth sorti en 2000 sur le label ZZZ Productions.

Naviguant entre temps à travers ses multiples projets, tels que Ipersensity et Gbur (qui tournent tout deux autour du concept d'improvisation), l'homme décide de sortir son premier album en solo sur le label italien (qu'il a co-crée) Chew-Z sous le nom de Lo Dev Alm, nous sommes en 2007.

It is later than you think se divise en huit pistes parfaitement homogènes. La construction  n'est linéaire que dans le simple but de nous captiver et de nous plonger dans le monde abstrait du musicien.
Sa musique est tantôt apaisée, mélancolique, comme en témoigne la magnifique piste Silicius oasis absente de quelconque forme de beat, mais dont les mélodies piano/carillons (je pense?) nous scotchent totalement, tantôt les sons délivrés se veulent bien plus percutants et agressifs, en gardant toujours une certaine mélancolie.

 La linéarité des tracks évite au producteur de tomber dans la facilité des montées fiévreuses qui durent et qui durent jusqu'à rupture de nos nerfs... Ici pas de montée d'intensité, l'émotion est immédiate. Nous passons d'un stade à un autre sans progression, c'est bluffant de maîtrise. L'homme fait également appel à des riffs de guitares qui trouvent d'un naturel déconcertant leur place au sein même des compositions. Prenons alors comme exemple Relative Return, la plus réussie de l'album à mon sens, qui débute sur un air de cordes électroniques très texturées et qui change brutalement et totalement d'orientation... je vous laisse la découvrir par vous-même!

Je vous invite donc à écouter cet album ici que vous pouvez également télécharger gratuitement, ou que vous pouvez acheter pour obtenir la version non digitale.

Have Faith :)


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In 1999 began the solo project by Daniele Pagliero aka Lo Dev Alm. After being interested in many musical styles (he has been bassist in the band Scumcide, and has also worked on projects of electronic improvisation), the Italian from Turin launch into this new project with his first EP Eye / Mouth released in 2000 on the label ZZZProductions.
Working in the same time through its many projects, such as Ipersensity and Gbur (which both are concentrated on an improvisational concept), the man decides to release his first solo album on Italian label (which he co-created ) Chew-Z under the name Lo Dev Alm, we are in 2007.

It is later than you think is divided into eight tracks perfectly homogeneous. Construction is only linear with the simple aim to captivate and plunge us into the abstract world of the musician.
His music is sometimes soothed, melancholic, as showed by the beautiful track Silicius oasis empty from any kind of beat, but whose melodies piano/carillons (I think?) carry us along completely, and sometimes the sounds delivered are much more powerful and aggressive , always with a certain melancholy.

The linearity of the tracks avoids the producer falling into the easy feverish climbs that last and last up to break our nerves ... Here there is no rise in intensity, the emotion is immediate. We are moving from one stage to another without progression, mastery is bluffing. The man also makes use of guitar riffs that are included  with a bewildering naturalness into the compositions. Then let us take as an example Relative Return, the most successful track of the album in my opinion, which begins on a textured electronic strings melody ,then changes suddenly and totally its orientation ... I let you discovering for yourself!

I invite you to listen to this album here, that you can download for free, or you can buy for the non-digital version.

Have Faith :)