mercredi 27 juin 2012

The Village Orchestra-Et in arcadia ego (HPLL 014- Highpoint Lowlife) 2005





Et in arcadia ego, locution latine faisant référence à ce paradis terrestre que représenterait l'Arcadie. La formule tend à montrer que nous ne sommes que de simples mortels, que notre existence est prédestinée un jour ou l'autre, à s'achever. Derrière ce fataliste mais non moins réaliste constat, n'oublions pas que nous sommes ici pour parler musique, et dans ce cas précis, de bonne musique!

Un premier lancé de dés pour The Village Orchestra (Ruaridh Law), actif sous son avatar TVO sur la jeune structure broken20 qu'il a crée en 2010, ainsi que sur le label Highpoint Lowlife grâce auquel il nous propose son premier disque. Et c'est réellement bon pour une première tentative...

C'est un album vivifiant que nous dévoile ici l'anglais, un grand bol d'air en milieu naturel. On ne sait pas toujours sur quel pied danser, entre le ton crépusculaire de l'introduction COSHH, la mélancolie graduellement ensorcelante de Sunken et le resplendissant Jacob/Bad Hand At Cards v2 au beat techno voluptueusement léger. Cette piste est je pense la meilleure de l'album, si puissamment envoûtante et relaxante, onirique à souhait. Les claviers tout en reverb' et les nappes réjouissantes confortent cette symbiose musicale qui devient alors obsédante. Cinq minutes, comme ça passe vite...

L'anglais s'adonne également à quelques expérimentations glitch, qui bien souvent viennent objecter les douces mélodies de fond, mais qui offrent tout de même une certaine sensibilité, notamment sur le préambule de la piste -Bryan's Tricky "Do You Like The Drummer?" Question- qui semble comme déplacer des montagnes en usant avec adresse de la stéréo, pour mieux captiver notre attention.
TVO, grâce à ses machines, nous peint l'Arcadie telle qu'il la conçoit, avec sa faune juchée en haut des conifères, tantôt diurne (-Love theme from "Two man rumble" - et ses pépiements cristallins) tantôt nocturne avec le morceau In Arcadia et ses piaillements caverneux plus angoissants. Les remous synthétiques de Dawn nous montre alors que l'homme s'est inspiré des quatre éléments pour produire ce disque, à l'issue duquel une étrange sensation s'empare de nous, celle qui nous transporte en milieu sauvage et hospitalier, en parfaite communion avec les forces environnantes.


Un disque rafraîchissant, sauvage et authentique, qui marque le début de carrière de The Village Orchestra,  que je conseille vivement pour tout amateur d'IDM concassée et d'ambient utopiste saupoudrée occasionnellement de glitch plus cybernétique.


Have Faith!


Ecoute et téléchargement ici, avec 2 pistes bonus.




mercredi 20 juin 2012

Dodecahedragraph-Motus (PFNR13-Pharmafabrik) 2011/2012





Derrière ce pseudo laborieusement prononçable qu'est Dodecahedragraph se cache Neven M. Agalma, producteur slovène au look de métalleux à l'ancienne. Après avoir étudié la philosophie dans son pays natal, Neven s'est spécialisé dans les musiques électroniques et en est donc à son troisième coup d'essai après un Soterag sorti en 2007, qui dévoilait déjà un potentiel technique impressionnant. Ses pistes, souvent dénuées de beat, mettaient en avant un dark ambient couplé d'expérimentations écorchées à vif. La recette fut la même avec l'opus suivant, Colourless, à l'exception près que le rythme était plus présent.


Presque 4 ans après, Dodecahedragraph nous livre donc sa nouvelle galette, 1 heure 40 de noirceur répartie sur pas moins de.... 26 pistes! Ça fait peur.
Le slovène axe ses expérimentations sur les textures et le glitch poussé à l'extrême. Si le résultat peut paraître souvent bien abrupt, tout est pourtant extrêmement bien pensé. Le fruit de son travail est pleinement surréaliste et déchiré en tout point. Ce gars là est un véritable enfant qui triture ses jouets en plastique. Mais un enfant bien dérangé disons-le: il prend sa babiole, la secoue, la tord, la mordille, lui arrache des morceaux, la balance dans tout les sens jusqu'à la rupture. Son but est de lacérer le son au maximum, pour ne garder que quelques particules de ce qui fut sûrement qu'un simple son ordinaire. 


Sa musique est incontestablement cérébrale, mais je ne pense pas être en mesure de comprendre toute l'étendue de la démarche du philosophe. En voyant le nom des pistes, on se demande si le type n'est pas une machine fusionné avec une autre. Le beat est bien présent, et chaleureusement gonflé pour en sortir souvent des kick qu'on sent bien passer dans les tympans (Stubmap, Sentinel, qui déchire ses synthlines comme une vulgaire feuille de papier, Actstub, de la pure schizophrénie!). À ce niveau là, ne manquez sous aucun prétexte Self.__batcher,  piste terrifiante au beat sorti d'on ne sait où. Le jeu de batterie est comme enfermé dans une capsule métallique, rendant l'ambiance on ne peut plus oppressante. Toutefois, n'allez pas imaginer que c'est un pur bourrin de première classe, le bonhomme sait s'y prendre avec plus de tact quant aux mélodies qu'il emploie, posées souvent en complément de ses essais plus escarpés. En témoigne T(re).get_nowait, à la mélodie déchirante de mélancolie, ou encore Aether E, longue balade ambient fine et apaisante (ça fait du bien aussi) ainsi que le dernier morceau, Target_list [Cauda], concentré ambient minimaliste assez angoissant...


Soyons honnêtes, ce gars là est un génie. À mi-chemin entre un Aphex Twin, un Access to Arasaka et Autechre à l'époque de l'EP7, Dodecahedragraph connaît parfaitement ses machines, et en use pour explorer les plus sombres recoins de notre cortex. Je vous accorde que l'écoute peut-être parfois ardue, car certaines pistes sont difficiles d'accès, je n'ai pas pu les écouter moi même. Mais cela n'enlève rien au talent de ce slovène qui cumule tout juste une trentaine de petit fans sur le réseau  facebook... Et qui devrait cette année réserver de nombreuses surprises! 
Affaire à suivre, en attendant je vais voir s'il n'y a pas de monstres sous mon lit, sait-on jamais.




Have Faith!




mardi 19 juin 2012

Vapor Maché-Versificator EP (MUTI078- Muti Music) 2010



Après nous être arrêtés sur l'Angelino Vapor Maché et son @ Home in the desert (ici), HFIS revient comme à son habitude en arrière pour décortiquer plus en détails l'EP Versificator sorti fin 2010 sur le label Muti Music.

Depuis la dernière interview d'ATN réalisée il y a quelques mois, le blog s'est très peu arrêté (voire en fait pas du tout) sur les productions hip/hop. Voici donc l'occasion de faire un petit break avec l'ambient ou l'acid pour vous parler de ce 6 titres en libre écoute un peu plus bas.
Nous avions été fortement emballés par la musique de Spencer Putnam, à la croisée entre un hip-hop glitché et une électro cinématographique terriblement efficace, l'occasion donc de s'intéresser au parcours du bonhomme.

Adepte du sample et des lourdes basses cisaillées à la boîte à rythme, Vapor Maché introduit son EP avec Dying to try et sa basse volontairement saccadée (j'ai vérifié plusieurs fois ce n'était pas mon ordinateur).
La richesse des sonorités attire irrémédiablement l'attention, entre les apartés glitch et les crissements épiques de l'introduction, chaque piste offre son lot de trouvailles toutes plus intéressantes les unes que les autres, tout en restant dans ce ton assurément grave et hollywoodien dont nous avions déjà vanté le résultat avec le dernier EP.

La bassline de June Gloom notamment est récurrente dans la musique de Vapor Maché, et vient la plupart du temps contrebalancer avec les mélodies plus douces pour parfaire ce style si puissamment envoûtant, sans mettre de côté l'esprit à la fois downtempo et entraînant des pistes.
Nada est l'une de mes préférées, avec sa mélodie aux nerfs à vif (que l'on retrouve ponctuellement) et ce côté tristement découragé qui nous submerge de pied en cap. Cracks into crevaces opte quant à elle pour une basse grognante plus orientée dubstep, que l'on retrouve ensuite dans la dernière piste.


Efficace, tout simplement.


Have Faith! 








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After having dwelt upon the Angelino Vapor Maché and his @ Home in the desert (here), HFIS, as usual, returns back to dissect in more detail the EP Versificator released in late 2010 on Muti Music label.

Since the last interview of ATN made a few months ago, the blog has very little attended(or even not at all) to hip/hop productions. This is an opportunity to take a little break with the ambient or the acid to talk about this release in free listening a little lower. We were greatly excited by the music of Spencer Putnam, a cross between glitched hip/hop and cinematic electro terribly efficient, so it's the opportunity to focus on the musical journey of the chap.


Follower of the sample and the heavy bass sheared to the beatbox, Vapor Maché introduced his EP with Dying to try and its deliberately jerky bass (I checked several times it was not my computer).
The wealth of sounds irreparably attracts attention, between glitch asides and the epic screechings of the introduction, each track has its share of finds, all more interesting than others, while remaining in that serious and hollywoodian tone we had already talked up the result with the last EP.

The bassline of June Gloom (in particular) is recurrent in the music of  Vapor Maché, and mostly comes to counterbalance with softer melodies to perfect this style so powerfully captivating, without ignoring the downtempo and swinging spirit of the tracks.
Nada is one of my favorites, with its frayed nerves melody (occasionally heard) and this side sadly discouraged that engulfs us from head to toe. As for Cracks Into crevices pitches on a grunting bassline more dubstep-oriented, then that we found in the last track.


Simply efficient.

Have Faith!

dimanche 10 juin 2012

Minimum Syndicat-Dust is dancing (MS05-Minimum Syndicat) 2011




Minimum Syndicat/MS Crew est un collectif acid house/techno/rave né de l'association de JmimOoLyVenkman, et Libz, tout les 4 grands nostalgiques de la scène rave des 90's avec des noms tels que Kosmic Kommando, Emmanuel Top et autre Hardfloor...
Le projet a donné lieu à la création d'un label éponyme consacré à cet amour indubitable pour le psychédélisme acid à l'ancienne.

Le groupe prend part à toutes les sorties vinyles du label, qui se constituent de 4 titres, avec à chaque fois un ou deux invités qui entrent dans le cercle.
Avec Dust is dancing, ces aficionados du 303 ne dérogent pas à leur ligne directrice et nous secouent les miches bien en règle.

Face A:  la techno planante de l'italien Sandro Galli, par ailleurs l'un des fondateurs de la structure Luminar, introduit le tout sur une techno onirique aux lignes acid envoûtantes et au beat bien cisellé.
S'en suit alors Goleador de Feedback, qui sans préambule nous tabasse les tympans à grand coup de kick régulier, escorté d'une basse rauque puis progressivement relayée par l'acid menaçante du co-fondateur de MinimalRome.


Face B: Le crew MS entre en jeu. Les nuages approchent, la lumière s'éteint peu à peu, tout devient alors noir. "L'agoraphobie" est traduite par des jeux de claviers des plus angoissants, la basse est lointaine et proche à la fois, s'éloigne pour mieux nous terrifier à son retour. Les quelques notes cristallines (boîte à musique de film d'horreur?) qui s'ajoutent en fin de piste ne font qu'enfoncer le clou.

Minimum Syndicat nous achève enfin avec la dernière piste Dark passenger, dans le même esprit que la précédente, avec des lignes acid aussi aériennes qu'oppressantes.

Allez donc écouter le reste des releases sur le site du label, que vous pouvez écouter librement.
Plusieurs liens plateformes sont présents pour suivre le collectif.

Haaaaave Faith!











samedi 9 juin 2012

Overcast Sound-Beneath the grain LP/ remixes EP (EE003-Entropy Records E-Series/ FALK005.5-Falk Recordings) 2011



J'ai hésité pendant des heures à vous parler soit du duo Overcast Sound, soit de m'orienter vers Universal Indicator, formé par Richard David James & Michael Christopher Cullen, alias Aphex Twin et Mike Dred...
Finalement, après m'être arrêté sur Ekca Liena il y a peu, je me dis que la transition drone/acid techno va sûrement manquer de subtilité, pour taper dans l'euphémisme... Mais ne vous inquiétez pas, ça viendra!

Pour cette 32eme chronique donc, nous allons nous attarder sur le binome canadien Overcast Sound constitué de Jamie Drouin et Michael Pettit. Après quelques EPs signés courant 2000, le duo s'adonne à l'exercice difficile qu'est le 1er album. Par ailleurs, celui-ci vient compléter (sur le label Entropy Records) la E-Serie introduite auparavant par le français Zzzzra et Liquid Level.


The place we left off ouvre le bal sur un tapis de field recording pluvieux accompagné de nappes polaires qui nous immerge d'emblée dans la noirceur dont on avait déja deviné l'étendue en jettant un coup d'oeil à la pochette.
S'en suit alors A game with death, croisement entre techno anxiogène et ambient obscure. La basse est pénétrante, l'atmosphère est pesante, se voit d'autant plus marquée par la présence de samples vocaux on ne peut plus destabilisants. Les pistes suivantes continuent plus ou moins dans cette lignée, avec une noirceur plus atténuée, mais une neutralité parfois un peu regrettable (Lackadaisical par exemple).

Malgré ces petites longueurs, le disque se laisse écouter aisément. Le plus minimaliste mais non moins immersif Templehof et son sub élégant nous dévoile une certaine sérenité, on remarque alors que le climat s'allège, pour mieux nous happer dans l'atmosphère troublante de Nitrate Base et nous finir sur l'ultime morceau au beat plus destructuré.

Au final c'est un album réussi, pas en toute part certes, mais dont certains titres sont vraiment efficaces. L'album a fait l'objet d'un EP de remixes en libre téléchargement ici , qui apporte un nouveau souffle aux pistes. Le remix de Lokua se réapproprie l'ambiance malsaine de Nitrate Base et la détourne pour nous proposer au final un titre plus techno et peut-être même encore plus étrange...
La réelle surprise vient d'un certain Sinnustov (dont je n'ai rien trouvé) qui joue au rubix cube en reconduisant totalement Templehof en un remix IDM/ambient progressif tout simplement magnifique.

Have Faith!


Preview des différentes pistes de l'album:





vendredi 8 juin 2012

Ekca Liena-Light Procession (PF025-Pocket Fields) 2012



Daniel W J Mackenzie, certainement plus connu sous le pseudo d'Ekca Liena, s'est peu à peu fait un nom dans la musique underground anglaise. Light Procession est son 9eme album approuvé par le label Pocket Field basé à Saint-Pétersbourg.

2 semaines à attendre le bijou. Plus de 2000km à vol d'oiseau pour faire acheminer le colis. Je lance donc la lecture, en ayant une vague idée du résultat grâce au preview que l'on peut écouter sur le site du label. Cet album est un vrai choc thermique en ce mois de juin (presque) ensoleillé, apparaît comme saisissant de profondeur. Les 6 pistes constituant ce Light Procession forment un cocktail de styles purement oniriques.

Channel, la piste d'ouverture, est tout simplement superbe: les nappes fusionnent avec nos neurones et nous transportent vers un drone/noise électrique, épais et bourdonnant.
 À l'image d'un Nakamal à l'introduction étrangement angoissante et à l'ambiance enregistrée comme à des milliers de kilomètres au large, la musique d'Ekca Liena se veut parfois plus tribale au fil des morceaux, en prenant également comme exemple Stratos Fire, qui nous balance tout à coup une batterie totalement sauvage et transcendante. Drone glacial et rythmiques joviales s'entrechoquent, pour un résultat assez surprenant.

Avec la première partie du diptyque Aileron, l'anglais montre un talent réel pour l'ambient épurée et magnifiquement délicate. La piste de fermeture est selon moi la meilleure, notamment grâce à l'omniprésence de cordes et à un certain suspense ambiant qui règne jusqu'au terme des 10 minutes de Ember Shimmer.

Le cd est réalisé en édition limitée à 100 copies, avec en prime une petite fabrication faite à la main.
Je vous conseille d'écouter ça grâce au lecteur ci-dessous, et pourquoi pas de vous procurer un exemplaire...

Have Faith!




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Daniel W J Mackenzie, perhaps best known through his nickname Ekca Liena, has gradually made ​​a name in the English underground music. Light Procession is his 9th album approved by the Pocket Field label based in St. Petersburg.

2 weeks to wait for the jewel. More than 2,000 km as the crow flies to transport the package. I press the play button, having a vague idea of the result thanks to the preview that you can listen on the label website. This album is a true thermal shock in a (almost) sunny June like that, it seems like striking of depth. The six tracks which make up this Light Procession form a purely dreamlike cocktail of styles.

Channel, the opening track, is simply brilliant: the layers merge with our neurons and transport us to an electric, thick and buzzing drone/noise.
Like a Nakamal with its introduction strangely frightening and ambience recorded as thousands of kilometers offshore, Ekca Liena's music sometimes move on tribal sounds through the songs, also taking as an example Stratos Fire, which pitches us all of a sudden a totally wild and transcendent drum. Icy drones and jovial rhythmics crashes, with a quite surprising result.

With the first part of the diptych Aileron, the English man shows a real talent for beautifully delicate and uncluttered ambient. The closing track is to me the best, thanks to the omnipresence of strings and the  surrounding suspense which prevails until the end of Ember Shimmer's 10 minutes.

The CD is produced in limited edition to 100 copies, with at stake a nice hand-made fabrication. I suggest you listening to it thanks to the player below, and why not get a copy ...

Have Faith!