dimanche 7 juillet 2013

VNDL - Gahrena:Structures (Hymen Records - ¥812) 2013



VNDL est de ces designers pour qui les lignes architecturales ne se calquent sur aucun modèle préconçu.  Celui qui bâtit des cathédrales qui selon les lois de la gravité devraient se casser la gueule, mais qui restent quand même stables, et sacrément solides. Celui pour qui les perspectives à la Esher prennent des accents de réel. Lignes aux courbes rompues, enchevêtrées dans une sphère à la fois claustrophobique et aux limites insondables. De ce premier constat peuvent émerger bon nombre d'hésitations quant à la logique et la cohérence des productions du Montréalais. Particulièrement convaincant sur l'opus précédent, les diverses déconstructions emblématiques du style de Philippe Vandal font mouches une fois de plus à l'écoute de cette seconde partie du diptyque Gahrena. Alors certes, la composition reste difficile à cerner, voire même à appréhender, tant le niveau d'abstraction est soutenu, aussi bien rythmiquement que mélodiquement parlant.

On aurait voulu rester totalement objectif en nous embarquant dans ce second jet, oubliant de A à Z le Gahrena premier du nom, tant l'enthousiasme généré à sa sortie fût grand. Donc bien évidemment, l'effet de surprise n'est plus, mais l'impact est (très) loin d'être amoindri. Fuyant toute forme de pathos, les mélodies se font toujours aussi suaves et discrètes, n'allant pas titiller les glandes lacrymales pour un oui ou pour un non. Le sound design continu également d'être le moteur de la production. Et c'est sans peine que l'on dira qu'à ce niveau, il y a eu du progrès, encore, ajouté à un mastering quand même bien foutu. Certains critiques diront que VNDL se perd dans ses délires électroniques. Que sa musique n'est qu'un bloc de béton presque impossible à franchir. J'appelle ça de la fainéantise. Sans pour autant aduler les casses-têtes, ce Gahrena:Structures s'inscrit comme une forme moderne (fururiste?) de Rorschach. Une oeuvre semble-t-il assez personnelle, délicieusement labyrinthique. On se laisse donc manipuler, comme des pantins. On se laisse donc perdre, en gardant en tête que, où que nous allions, il y aura une sortie prévue pour nous. On retiendra les plus beaux bijoux de la couronne, j'ai nommé Beaches 70 et Insom, là où le mot perfection prend des tournures d'euphémisme enseveli 6 pieds sous terre. 

Questionnaire à choix multiples, psychédélisme du XXIème siècle. Merci.

Have Faith!


samedi 1 juin 2013

Fausten - Fausten (ADN167 - Ad Noiseam) 2013



Cette chronique ne peut que s'envisager comme un vulgaire champ lexical ambulant, un dégueuli de synonymes gravitant autour de tout ce qui ce fait de plus crade en matière de saloperies. Tout un panel de textures horrifiques condensées en un seul et même corps rongé de l'intérieur. Un visage meurtri, bouffé comme une roche érodée. Indomptable titan qui distribue ses uppercuts par paquets de dix, Fausten est un album qui prône la commotion cérébrale et la perte de dents précoce à grands coups de phalanges. En revanche, oublions tout ce qui relève du doux, du beau, du relaxant. De rouille et de rouille. Si vous étiez venus vous faire caresser les esgourdes, il semblerait que vous ayez fait fausse route. L'idée même d'une quelconque tendresse est totalement désuète dorénavant. On avait rarement entendu quelque chose d'aussi violent, sur tout les plans, que ce premier jet. Le mastering (sacrément costaud) creuse d'autant plus ces cavités pour contraster les textures écailleuses sur lesquelles on nous frotte la tronche avec un plaisir malsain. Le grand malaise. Oui, car en fin de compte, outre la force de frappe de ces rythmiques qui se pèsent en terme de tonnes (Punishment, Stahlblumen), les onze titres dérangent, foncièrement. Écouter Internal dialogue vous fera comprendre, Portal également (même s'il serait évident de tous les citer). À ne pas écouter de bon matin si vous souhaitez garder un brin de bonne humeur et de joie de vivre pour la journée. Mais esquisser un semblant d'explications concernant ces onze salopards relève presque de l'inutile. Le tracklisting se suffit à lui-même. Ça parle de lames affûtées, de tripes à l'air ou encore de punition, et donc ça en dit long sur le contenu.  En fin de compte se référer à l'artwork est la meilleure des manières pour illustrer cet éponyme et premier essai du duo Monster X/Stormfield qui dans son style, ne jouant certainement pas dans la dentelle, fonctionne d'un bout à l'autre. Éreintant mais scotchant. C'est grand!

HAVE FAITH


dimanche 19 mai 2013

Arktor - Cotton Mather Estates Side A (Echotourist - Echt07) 2013




Ce papier ne concerne que la 1ère partie de l'album Cotton Mather Estates. Les deux étant quelques peu divergeantes, il fallait faire un choix. La balance penche inexorablement en faveur de cette face A, surprenante sur de nombreux points. Non ce n'est pas un mastering à la Hecq, ni même un sound-design du XXIIIe siècle, encore moins l'originalité des timbres employés qui sortent cet opus du lot. Inconnu au bataillon, ce Arktor dresse un univers singulier, mais surtout profondément cohérent. Tête baissée, suivant son fil conducteur sans jamais se laisser distraire, le doigt du milieu bien mis en évidence. Ce Side A forme un tout homogène, aux enchaînements logiques mais non moins dénués de surprises. Sa musique me rappelle énormément celle de Aynth, dans une version moins torturée et noisy. C'est avant tout cette aptitude à immerger l'auditeur dans un espace à part, s'esquissant toujours plus précisément morceau après morceau qui fait de cet album un rebut de la catégorie des LP "déjà-entendus que l'on oublie rapidement". Cotton Mather Estates Side A dégage quelque chose de fort, peut-être même de très personnel, face auquel il me semble compliqué de rester de marbre. Il est de ces albums qui au premier abord, se laissent écouter avec facilité, laissant ce je ne sais quoi de persistant bien logé au milieu des neurones qui pousse à la lecture intégrale en boucle. Les titres se ressemblent donc grandement. De là, impossible d'en décrire un sans détailler involontairement les autres. À nuancer toutefois, puisque certains tirent leur épingle du jeu. Notamment Last Winter Smudge le plus beau morceau des dix. Un brin plus chaotique que ses camarades, les drums bancales et craquelés de part en part y jouant pour beaucoup. La musique d'Arktor est infiniment intense et immersive, usant d'outils déjà bien effrités, mais avec une dextérité qui l'honore. En outre, ne crachons pas sur la deuxième partie qui est elle aussi surprenante, mais je vous laisse le soin de vous forger votre propre avis. Le tout est en free download, donc on se gave.

HAVE FAITH

samedi 18 mai 2013

Access To Arasaka - Écrasez l'infâme (CRL Studios - CRL045) 2013




Je n'avais pas eu vent de l'annonce de cette release. Le jour de sa sortie donc, je vous laisse imaginer la surprise. Access to Arasaka est bel et bien de retour en solo suite à son Geosynchron dévoilé chez Tympanik Audio en 2011. Le beatmaker outre-atlantique pointait également le bout de son nez sur un split avec Tokee et Lucidstatic il y a de ça un mois, cette fois-ci chez CRL Studios, structure qui accueille ce tout nouveau 6 titres. Un jeu de caractères vient baptiser chaque titre. Des tirets. Espacés ou non. Intitulé dans la langue de Molière, ou plutôt celle de Voltaire dont la célèbre formule a inspiré le nom de l'EP, Écrasez l'infâme sonne différemment de ce à quoi nous avons été habitués. Le coup de pinceau caractéristique de Robert Lioy est toujours aisément reconnaissable, mais quelque chose a en effet changé. Sa musique semble évoluer, illustrant désormais une nouvelle facette de l'éventail cybernétique dont lui seul semble détenir les ficelles. Fort heureusement pour nous, AtA ne se repose pas sur les exacts mêmes recettes qui ont fait son succès, à savoir les atmosphères glaciales et futuristes et autres drums déchiquetés au glitch. Les productions sont ici plus ambiantes, les rythmiques étant soit totalement absentes (-- -----) soit très lentement amenées. Le panel de textures est aussi plus large, traité différemment de ses précédents opus. Tout ça a gagné davantage en profondeur et en maturité. Là où Geosynchron tendait souvent à séparer de manière très distincte glitchs et nappes, Écrasez l'infâme amalgame le tout dans un environnement spatial un peu plus uniforme. Les drums sont moins secs (-- -, - - -), gagnent en stabilité, et les mélodies se montrent plus denses que jamais (--, le somptueux et parfait en tout point ---). Pour résumer, c'est toujours aussi destructeur, mais les outils employés ont connus quelques modifications. AtA s'est inspiré des dires du passé pour mieux décrire son univers futuriste qui semble toujours aussi apocalyptique. Il se pourrait bien que cet EP marque une étape importante dans sa carrière, faisant office de transition vers quelque chose de bien moins déchaîné, peut-être même d'émotionnellement plus puissant. Mais ne regardons pas trop loin, apprécions plutôt cette demi douzaine de morceaux comme il se doit, parce qu'une fois de plus, c'est du costaud. 

HAVE FAITH


vendredi 17 mai 2013

Transmissions from the Heart of Darkness - Elsewhere (Des cendres à la cave) 2013




En plus de bénéficier de superbes artworks signés Lou Nugues, le blog Des cendres à la cave est parvenu à rassembler sur cette immense compilation l'équivalent de tout ce que j'écoute depuis des années. Cela même avec des titres exclusivement produits pour l'occasion. Il va sans dire qu'une fois les diverses tracklists annoncées, l'enthousiasme apparaissait difficile à contenir. Plus de 60 noms, enrôlés dans une aventure dont nous n'aurions voulu connaître le terme (un peu comme Les feux de l'amour). 5 chapitres, scindant distinctement les diverses étapes de cette nouvelle si passionnante. Mais alors, à ma grande surprise, c'est cette dernière qui aura retenu toute mon attention. Très certainement la plus cohérente des cinq. Le fait d'y trouver un nombre plus réduit de musiciens (par rapport aux parties précédentes) doit jouer pour beaucoup. Elsewhere aura finalement eu raison de moi. Je suis désormais réconcilié avec l'ambient, dont je n'écoutais que très peu de sorties depuis quelques temps. Les recherches hasardeuses sur le net, couplées à l'impressionnisme poussé et fascinant dans les premiers instants (mais finalement un brin rébarbatif sur la longueur) inhérent à ce type de compositions m'ont alors lassé et écarté lentement de cette noble branche musicale. L'ultime partie de Transmissions from the Heart of Darkness est alors, comme vous vous en doutez maintenant, un pur chef d'oeuvre d'ambiances. Les titres sont longilignes, le flux étant déversé sur des durées allant de 4 à 18 minutes. Pour ma part, quelques sublimes découvertes, qui enjolivent davantage la peinture. C'est le cas de Methuselah ou encore Wastelanders, qui ouvre la marche aux côtés de Kira Seto. D'emblée une excellente surprise. Une rêverie à fleur de peau suivie de très près par l'impressionnant More than ever signé Vitor Joaquim, auteur de l'immanquable Filament nominé cette année aux Qwartz Electronic Music Awards. Quelques re-découvertes également, notamment Jerome Faria et son sublimissime 100421. Les morceaux sont réussis, tous sans exception. De sacrés beaux efforts fournis en téléchargement gratuit au service de l'équipe de DCALC, grande amatrice des univers sombres qui réussit là un joli coup. Cet article n'est donc qu'un preview sur ce qu'est le contenu réel de Elsewhere, mais rien ne sert d'en dire plus. Chaque morceau est une nouvelle surprise, une vision différente mais pourtant intimement liée aux autres. Et c'est tout. Chapeau.

HAVE FAITH

ps: si vous voulez en savoir un peu plus sur cette compilation, vous pouvez aller voir le bandcamp du blog.


ZENИTH - Ritual (BLWBCK - BLWBCK033) 2013




Tout d'abord je tiens à remercier du fond du coeur le copier/coller. Oui parce que ZENИTH ce n'est pas forcément évident à écrire. Parenthèse refermée, débutons par ce qui est réellement important. ZENИTH est un duo toulousain tout fraîchement formé, visiblement peu avant le berceau de cette nouvelle année 2013. La formation est jeune, certes, et confronté à ce Ritual il est difficile de ne pas émettre quelques soupçons, en particulier lorsque l'on est de mauvaise foi. En si peu de temps de vie, comment est-il possible de pondre un objet aussi cohérent? Il y a donc deux options. Soit Tony Llados et Guillaume Sauvage se connaissent depuis toujours et ont été éduqués par les mêmes mélodies, les mêmes inspirations. Soit leurs gènes musicaux respectifs étaient faits pour coïncider de la plus parfaite des manières, les uns venant compléter les autres, et réciproquement. Le résultat est maîtrisé, oh putain que oui. Mais ce n'est pas le point le plus important à montrer du doigt. Ritual développe une musique modeste, lancinante, et incontestablement solaire. Les effets sont minimes, faiblement perceptibles sans une écoute au casque, volume bien évidemment amplifié à son paroxysme. Les guitares revêtent ce grain spécifique qui réchauffe lentement les âmes, et fait s'évaporer les rosées matinales (FogMoon). Cette lumière est duveteuse, apprivoise nos yeux avec grande courtoisie. Du haut de ses 35 petites minutes, ce disque là maintient l'attention et une fascination immuables, parce qu'il faudra dire les choses telles qu'elles se présentent, la musique de ZENИTH a de la gueule. Sans prétention aucune, conjuguant cordes floutées et voix délicatement filtrées (Glass) aux drones ci et là plus imposants. Parfois plus menaçante, bien plus intense, là où les faisceaux lumineux se font plus aveuglants et paradoxalement d'autant plus beaux (B&W Road). Ritual, ou comment donner une leçon de reverbe sans tomber dans le stéréotype des musiques spatiales. Un premier opus qui en dit long. On attend la suite, qui sera souhaitons le fort, de même acabit. À noter pour clôturer ce blabla: les trois dernières minutes du titre final font très, très très mal. 



HAVE FAITH!






samedi 20 avril 2013

Crypture ‎– Bifacial (Echomania ‎– [echm-014]) 18 mars 2013



Le label biélorusse Echomania ne vous est surement pas totalement inconnu si vous suivez un tant soit peu ce blog. Le savoureux Scape Destructive Putrescent, effort signé Klaus Kinski, avait fait l'objet d'un article l'été dernier. Passons l'étape de la présentation donc. Eugene Mitskevich, manitou de la net-structure, exerce sous le pseudonyme Crypture et cédait le mois dernier toujours en téléchargement gratuit une pièce des plus intéressantes, j'ai nommé Bifacial, produite et masterisée entre 2010 et 2012. Quelle étrange pièce que voilà.

Hydre à deux têtes, difficilement identifiable avec précision. Double visage, bipolarité, noir ou blanc, autant d'idées vagues et au premier abord vides de sens auquel l'intitulé peut référer. De cette observation naît toute une flopée de questionnements. Le plus pertinent étant de s'interroger sur le lien tissé avec l'artwork. Une architecture d'acier et de béton, bouchon de liège démesuré qui divise mère nature comme Varsovie en 39-40. Il y a d'une part ce torrent libre, puissant, qui dégueule ses mètres cubes d'eau, faisant fi des obstacles, abstraction faite de ce caillot grisé qui, d'autre part, apprivoise la bête, gardant un oeil autoritaire sur les moindres faits et gestes de son voisin de palier.

Le sauvage, (le belluaire) et le dompté. C'est peut-être de cette manière là que l'album (l'EP?) s'interprète. Mais qu'importe, puisque la traduction est libre à chacun. Bifacial s'appréhende de deux façons. Il se dessine de prime abord sous l'impulsion de Steel, Fog and Mutilated Tree, entièrement atmosphérique, drapé de drones impressionnistes. Paisible, dompté, mais déjà troublant. Pseudo poursuit alors le même chemin, mais ce durant la première minute de son existence. Nous avons connu le dompté, nous sommes sur le point de connaitre le sauvage. Et là, tout est différent. Le virage est à 90°, coupé net par la détonation glaciale de cette 56ème seconde qui ne manque pas de coller son lot de frissons. Le chemin se divise progressivement en une multitude de réseaux, circuits imprimés et élaborés à grand coups de breakbeats cinglants. Nous avions fait fausse route. N'étant pas foncièrement sensible à ce type de rythmiques, cette fois je dois avouer que je suis totalement convaincu.

Bifacial est globalement assez sombre, pour ne pas dire totalement noir par moments. C'est dans ces eaux troubles, silencieuses où vagabondent des dizaines de créatures indiscernables qu'Eugene Mitskevich nage avec le plus d'aisance et d'efficacité. Les productions apparaissent bien plus poignantes, intenses et profondément immersives, conséquence logique de la comparaison immédiate avec Keep Balance notamment, titre final tout de même plus lumineux, juste milieu en demi-teinte d'un parcours sacrément orageux. Retenons alors le progressif Submarine. Collapse ou encore (et surtout) Mass Movement. Ses textures stridentes, sa force de frappe impressionnante, et ses lignes mélodiques à vous figer un flux artériel. Une sacrée taloche...

Crypture brille lorsque ses idées noires le transcendent. A l'inverse, ses productions perdent en expressivité tandis qu'elles se vêtissent d'un linceul plus lumineux. Dans son ensemble, Bifacial reste de grande qualité, en prenant comme référence les morceaux susmentionnés, et ne présage que du bon pour la suite.  Eugene Mitskevich est capable du meilleur malgré quelques succincts incidents de parcours. Restons optimistes, cela sera sûrement corrigé dans les prochaines releases. Un 7-titres qui reste tout de même indispensable, et téléchargeable ci-dessous.

Have Faith!



dimanche 7 avril 2013

William Ryan Fritch ‎– The Waiting Room (Lost Tribe Sound ‎– LTS-013) 2013


"I was thinking of Highland as just a remarkable place for a story about a community that was struggling day to day to get by," he says. "I was just surprised by the richness and the depth of the characters that she described."


L'album est une bande originale. Elle vient accompagner le documentaire (et premier long métrage) de Peter Nicks qui s'immerge dans les services d'urgences du Highland Hospital d'Oakland. William Ryan Fritch quant à lui, n'est autre que Vieo Abiungo, auteur de l'excellentissime Thunder May Have Ruined The Moment accouché l'an passé via Lost Tribe Sound, structure (implantée aux USA) à laquelle il semble solidement attaché sous cet alter ego. C'est donc sous son vrai nom cette fois-ci qu'il se dévoile, laissant de côté son double fictif comme pour imprégner plus encore l'histoire et le quotidien qu'il a tenté de mettre en musique, et afin d'apporter d'autant plus de véracité à ses 12 travaux peut-être. Je n'ai pas eu la chance de pouvoir visionner le reportage, le contrat n'est rempli qu'à moitié donc...

En outre, à la place d'OST, nous opterons plus volontiers pour album. Oui, tout bêtement. Donc pour contourner le problème, mieux vaut appréhender ce The Waiting Room comme ce qu'il est vraiment, un album. Une excellente pièce de surcroît, si l'on veut débuter par la conclusion. Le ciment qui vient consolider davantage la façade de Lost Tribe Sound qui selon moi a de belles années devant lui, qui impressionne et émeut plus encore à chaque nouveau rejeton. D'ailleurs, le Our sound is our wound de Graveyard Tapes n'a fait que renforcer l'intérêt déjà grandissant que je porte à cette maison de disque qui mériterait de gagner en visibilité.

Toujours aussi variée, maîtrisée, la musique du multi-instrumentiste s'empare toujours avec autant d'aisance aux synapses. Une aptitude hors norme à plonger l'auditeur dans un univers onirique voire plus mélancolique d'un simple claquement de doigts, et ceci même dès les premiers instants d'écoute. Quels que soient les moyens techniques utilisés au sein des morceaux, on retrouvera ce penchant assumé pour l'expérimentation, mêlant violoncelles, guitares et j'en passe. Loin d'être ardue, escarpée, la production se laisse dompter sans sauvagerie aucune. Il serait même évident d'opter pour un constat contraire. L'oeuvre reste d'une grande accessibilité, faisant inéluctablement écho au travail de Vieo Abiungo.

Finalement, nous retrouvons toujours cette force émotionnelle caractéristique des essais du bonhomme. C'est à partir de là qu'il est possible de créer un lien avec le dessein même de Peter Ricks, puisque ne l'oublions pas, l'album illustre un documentaire. Cette musique là est faite pour illustrer l'image animée. Il sera difficile d'être à 100% objectif concernant la qualité du long métrage, mais il  reste évident que le succès d'un film repose également sur la bande originale qui l'accompagne.

Entièrement instrumental, The Waiting Room est une réussite. Jonglant entre titres rythmés et plus "ambient"', les pépites se succèdent sans ménagement. Un parcours sans fautes de 43 minutes sur lequel tout un panel de sentiments sont déployés, toujours saisissants d'authenticité. Chacun des morceaux conte une histoire différente, un moment ou une péripétie spécifique, saisis entre deux doses de caféine une nuit de garde, alors que les aiguilles de la pendule semblent tourner au ralenti. Coda, ou encore The cost, the value of health... Non en réalité il est impossible de choisir des titres en particulier. Non honnêtement, c'est peine perdue. Tous ont gagné le droit à quelques lignes d'éloges, mais ce papier pourrait rapidement gagner en lourdeur. Terminons sur quelques intuitions: The Waiting Room n'aura aucun mal à s'offrir d'excellents retours, voire même à se hisser dans les tops de 2013.

Beau, beau, beau.

Have Faith!


samedi 6 avril 2013

Entretien/Interview Chevalien @ Tours (29/03/2013)



C'est finalement la veille de mon départ définitif de Tours que l'interview se fera. Mieux vaut tard que jamais donc. En outre, je me rend compte à quel point cette expression est à chier. Au vu du peu de préparation qu'a nécessité cette interview, on ne peut pas dire qu'elle en soit réellement une. J'ai eu la chance de pouvoir écouter une partie de Cover up your faith, premier EP du projet hybride Chevalien né en Avril 2011 sous l’impulsion de Benjamin Emmanuel Chauvet, 23 ans. Mené en solitaire par B.E.C lui-même, ce projet est selon lui « son groupe, dans lequel il est tout seul » où s’entremêlent autant que possible le son et l’image. Batteur depuis ses 14 ans dans différentes formations comme The Scales ou encore Lethal Unraveling, il est également Dj au sein du $hinoBusiness.

 Il y a quelques jours sortait le premier morceau Cvan, grosse ogive electro/hip hop accompagnée du superbe clip signé Valentin Petit, l'occasion pour HFIS d'en savoir un peu (beaucoup) plus à propos du projet...



Chevalien - Cvan (Valentin Petit)


Compte rendu de la discussion avec Chevalien/Benjamin Emmanuel Chauvet du 29 mars dernier à Tours:


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Artwork : Thibault Daumain


HFIS : Pour faire office d'introduction, peux-tu te présenter, ou tout simplement nous parler de ton parcours de musicien? Comment en es-tu arrivé à produire ton premier EP solo via le projet Chevalien, puisqu'il me semble que tu évoluais déjà au sein d'un groupe?

: Oui, je suis toujours batteur dans un groupe (je l'ai été dans beaucoup de groupes en fait) dans ma région, le berry, à Bourges. J'ai toujours été intéressé par les musiques électroniques, et j'ai grandi en écoutant tout autant de metal que de rap, l'écoute intensive des deux m'ayant pas mal influencé. J'ai donc bouffé toute la scène neo-metal qui mélangeait bien les deux et qui était vraiment une aubaine pour moi quand j'étais adolescent, et j'ai donc eu pas mal de groupes (de metal notamment) qu'on essayait de mener sérieusement même si on avait 17 ans, c'était donc un peu difficile, on avait pas forcément le sens des réalités et on était donc un peu loin du compte, malgré notre passion. Sinon, pas mal de formation, je suis passé par le conservatoire (dans une classe jazz) de Bourges pour essayer de me perfectionner à la batterie. J'y suis resté 2 ou 3 ans, mais ça m'a quand même bien saoulé. Mis à part ça, j'ai joué dans des groupes de funk, de chanson française, de reprises, pas mal de trucs de jazz, dans un big band aussi. Dernièrement, je suis dans (anciennement) Dark Lemon Juice qui est devenu The Scales,c'est un groupe de rock indé. Mais bon je leur ai annoncé que j'avais un peu fait le tour et que je les accompagnerai jusqu'à ce qu'on enregistre le prochain EP qui va se faire le mois prochain, avec une tournée si tout se passe bien, et qu'ensuite je les laisserai trouver un autre batteur. De mon côté je veux juste me consacrer à Chevalien et à mes projets personnels, qui me prennent pas mal de temps, en espérant que ça fonctionne. Depuis 2008 j'avais fait un stage à Emmetrop, une espèce de friche culturelle dans laquelle tu peux répéter et qui avait organisé une journée de formation sur le logiciel Reason. On s'était inscrit avec un pote par curiosité, et c'est comme ça que tout à commencé, jusqu'à ce que j'achète un Macbook. Après je suis passé sur Live Ableton, et j'y suis toujours. Entre temps, j'ai eu d'autres groupes, certains au sein desquels je pensais pouvoir développer ma vision, mes envies musicales autant que je l'espérais, mais j'étais peut-être un peu trop tyrannique envers les gens avec qui je travaillais parce que j'avais une idée bien précise de ce que je voulais faire, et du coup ça n'a pas fonctionné parce que j'étais pas assez diplomate, et j'ai fini par les laisser continuer sans moi car ce qu'ils faisaient était très bien, mais je n'avais plus forcément ma place dans ce projet.

HFIS : Et donc comment s'est déroulée la transition vers Chevalien? Comment peux-tu définir ce projet?


: Je pense que ça part d'une frustration, et d'une idée bien précise dans ma tête de ce que je voulais faire depuis plusieurs années, au fil de tous les groupes que j'ai pu avoir. La frustration de ne pas arriver à atteindre ce que tu veux, ou pas suffisamment, près du compte mais pas réellement comme tu le voudrais. Ce qui m'a le plus peiné c'est que j'aime la musique, point. Je n'aime pas un style en particulier, et ça m'attriste un peu parfois lorsque tu parles de rock à quelqu'un qui écoute du rap ou l'inverse, t'as l'impression de parler maçonnerie à un boulanger, alors qu'on parle de la même chose. Une sous catégorie d'un même ensemble, ça m'emmerde sachant que je ne fais pas de scission entre les styles que j'écoute, et je pense ne pas être le seul, c'est d'une certaine manière l'apparat de notre génération aussi. Du coup j'avais besoin de développer un projet qui ne nécessite pas 10 sides projects pour être satisfait et pour être dans mon élément. Du coup j'ai essayé de travailler avec des gens à plusieurs reprises, avec une chanteuse, des potes etc... mais à chaque fois ça ne fonctionnait pas. Premièrement, parce que je suis un peu un connard, je peux être très rude et très raide. J'ai fini par accepter que je ne pouvais travailler correctement que tout seul, au moins pour la partie composition et texte, parce que au final c'est plus facile d'arriver devant un ingé son (en l'occurence Pierre Mottron dont je vous invite à aller écouter la musique) et de lui laisser le mix/mastering mais avec mes trucs à moi déjà terminés, sans avoir besoin de se prendre la tête avec ton groupe. Du coup pour la partie composition, c'était toujours un peu délicat dans les groupes où j'étais, parce que chacun à sa vision des choses, la mienne n'est pas meilleure que celle des autres, mais elle m'importe quand même puisque c'est la mienne...
Ajouté à celà le souci de passer d'un style à un autre dans un même projet, ce qui personnellement ne me pose aucun problème.



HFIS : De ce fait, est ce que toutes ces formations t'ont influencé dans ta manière de produire en solo, ou est ce que Chevalien a été appréhendé comme quelque chose de totalement nouveau/indépendant avec donc ton propre ressenti ?

: Dans la façon de produire techniquement parlant, je ne pense pas vraiment parce que c'est de la MAO (en très grande partie) et que concrètement j'étais instrumentiste dans tous les groupes que j'ai eu avant. Donc je suis vraiment novice dans ce truc là, et je fais ce que je peux avec des bouts de ficelle, c'est pour ça que j'avais grandement besoin d'un mec comme Pierre Mottron, qui lui est un peu un grand manitou de toutes ces conneries là, qui pouvait répondre à beaucoup de mes questions et régler les problèmes que j'avais rencontré liés à ma façon de produire.





 HFIS : Concernant la promotion autour de ton premier EP, nous avons pu voir que tu jouais beaucoup sur les fausses pistes, notamment depuis le premier teaser mis en ligne l'année dernière qui m'avait mis la puce à l'oreille. Tu disais que le morceau présent sur ce teaser ne figurerait pas sur Cover up your faith, teaser qui mélangeait déjà image et son ( assez rare pour un projet sur le point d'être lancé à mon humble avis ).

: Oui, c'est une volonté propre. C'est l'avantage de travailler seul, car tu peux faire ce que tu veux pour tout ce qui est promo et tu n'as pas besoin d'en parler 40 ans avec les autres membres du groupe.
J'ai donc 2 passions, comme pas mal de gens j'imagine : le son et l'image, autrement dit la musique et le cinéma, et j'ai toujours voulu garder quelque chose de très « esthétique » , où tout du moins visuel depuis que je souhaite faire de la musique, en plus de quelque chose de sonore. Donc c'était pour moi essentiel, dès le début, même si tu donnes pas à manger aux gens, si tu n'envoies pas une track... ce que je me suis vu reproché maintes et maintes fois, et à juste titre, car c'est bien gentil de faire des teasers etc... mais au bout d'un moment faut balancer du son, ce qui est vrai, mais du coup je me suis dit : c'est pas grave, on va jusqu'au bout, on fait patienter les gens même si certains se désintéressent. Mais ça restait important pour moi d'avoir ce postulat de base qui est que Chevalien ça sera au maximum si ce n'est toujours, du son et de l'image. Donc voilà l'explication pour les teasers, en plus de la nécessité de créer un contenu que tu peux faire tourner facilement.

HFIS : Et finalement, comment tu comptes sortir l'EP, sous quelle(s) plateforme(s) ? Cherches-tu un label ?


: Oui, peut-être, mais est ce qu'au jour d'aujourd'hui un label ça sert encore à quelque chose ? Je ne sais pas, mais je verrai les retombées si le clip fonctionne comme je l'espère. Espérons que j'ai des propositions de distributions, de bookings, ou de labels... Mais je me poserai la question en temps et en heure si j'ai des propositions intéressantes. Après je pars du principe que tout le monde va s'en foutre, comme d'habitude, et que du coup je sortirai l'EP en indépendant comme je pourrai, avec mes moyens. Si c'est possible de faire autrement j'en serai bien évidemment ravi puisque l'objectif c'est vraiment d'arriver à en vivre à moyen termes, donc bien entendu ça m'intéresserait de travailler avec des gens pour professionnaliser le truc. Jusqu'ici, mis à part les plates-forme de téléchargement, je ne vois pas trop... en espérant que la sortie du clip va changer quelque chose.

HFIS : Tu envisages la sortie physique?

: Jusqu'à peu je ne savais pas encore, mais en fait ça semble essentiel rien que pour la promotion, puisque les liens par emails n'ont aucun impact. Lorsque tu envoies un cd, il y a plus de chances que le type l'écoute, qu'il y ait justement plus d'impact...


HFIS : Le côté non-dématérialisée de la chose, c'est certain que c'est beaucoup plus intéressant...

C : C'est sûr, et au final j'aurai tellement travaillé sur cet EP que ça serait pas mal de le matérialiser, donc rien que pour la promotion j'envisage peut-être un pressage dans un premier temps pour envoyer aux distributeurs, aux bookers, aux radios. Je pense que ça peut être une bonne chose. 

HFIS : Retombées ou non, l'avenir de Chevalien, tu le conçois comment?

C : La suite logique après l'EP, c'est de confirmer l'essai si ça fonctionne, avec un album. Comme je te disais, le projet est amené à être mon activité principale sous peu, donc (en plus de mon taff de DJ) «artistiquement» c'est quand même ça qui me motive au jour d'aujourd'hui. Faire des tracks qui plaisent et me plaisent, et les mettre en images le mieux possible.




HFIS : Ça me fait penser alors (à une autre échelle bien sûr) aux Divine Paiste que tu connais (une autre formation tourangelle) qui préparent un album concept mêlant image et son...

C : Oui, c'est un concept à part entière, ils sont allés vraiment au bout de la chose, et c'est admirable parce que c'est une somme de travail et d'emmerdes assez conséquente je pense. Mais c'est un beau projet. Personnellement si je pouvais clipper chaque track que je sortais (en partant du principe que t'évites de les sortir quand tu estimes qu'elles sont moyennes) ce serait parfait. Si j'avais suffisamment d'idées, de matériel et d'argent pour le faire c'est ce que je ferai. Après tu peux perdre en impact (je pense que du coup c'est bien plus facile pour un EP de 4, 5 ou 6 titres)  sur un format album. Clipper 12 titres, ça peut paraître excessif dès lors que ce n'est pas guidé par un concept cohérent, comme Divine Paiste l'ont fait, avec une trame et des morceaux qui s'enchaînent comme j'imagine qu'ils ont fait. Pour Chevalien, c'est très hétéroclite, car sur l'EP t'as un morceau hip-hop/electro, un autre de trap à moitié 8-bit, de folk-pop, de musique de film, c'est vite le bordel en image après. Mais en même temps ça peut être très intéressant car tu peux prendre des directions totalement différentes... A voir si l'on peut conserver une cohérence, une homogénéité à l'arrivée...


HFIS : (À ce moment là, passage à vide et plus aucune question ne me vient à l'esprit)


C: J'ai parlé de Pierre Mottron tout à l'heure donc on peut parler de Valentin Petit aussi qui a réalisé le clip et qui a donné une petite interview pour Hip Hop du Sud il y a peu. J'aime beaucoup ce qu'il fait, je le connaissais à l'époque, c'est une connaissance de Bourges que j'ai pu croiser en soirées via des amis en commun. Du coup je l'ai contacté il y a plus d'un an pour lui proposer le projet. C'était pas gagné parce que j'avais un budget serré, que lui était très pris, mais il a suffisamment accroché au truc pour dire banco et qu'on puisse se lancer. On devait tourner en été, ça ne s'est pas fait...du coup on a tourné en automne, ce qui finalement n'est pas une mauvaise chose même si ce n'est pas toujours simple au niveau des lumières pour le clip, et surtout au niveau du temps... Mais j'espère que ça portera ses fruits à l'écran. Je pourrai être plus insatisfait du résultat, sachant que je ne suis jamais content...

HFIS : Et donc ce premier clip, tu l'as imaginé seul? Quelle idée tu souhaitais en dégager à travers ce côté mystique/sorcellerie plutôt original dans un registre musical comme celui-ci?


C : J'aime ce côté mystique, religieux, et qui à la fois ne parle de rien en particulier, qui induit juste une certaine idée de spiritualité, quelque chose de plus grand, alors que je ne suis pas du tout quelqu'un de croyant, à aucun moment. Mais inversement, je suis quelqu'un qui ne demande qu'à croire, qui aimerait croire. D'où le côté se créer son propre mythe, développer sa propre mythologie. Ça peut paraître arrogant, mais c'est avant tout amusant. J'espère que c'est quelque chose que j'aurai l'occasion de développer si j'ai les moyens nécessaires à l'avenir sachant que cette version du clip est un peu différente de ce que j'avais prévu à l'origine, beaucoup moins orientée mythologie créée de toute pièce que ce qui était prévu à la base. Mis à part ça, une grosse part de DIY je tiens à préciser, notamment pour trouver tout ces putains de mini vélos.

Pour la réalisation j'avais des idées bien claires de ce que je voulais, le foulard dans gueule, des plans portraits etc... mais j'ai laissé totalement libre Valentin Petit. Je voulais simplement être au maximum présent pour le montage, mais pour la réalisation, pas une seule fois j'étais derrière la caméra. Si c'était pour faire son taff à sa place je ne l'aurai pas appelé...

Pour les accessoires c'était beaucoup de débrouille, et d'acquisition en amont du clip, pas mal des sappes sont les miennes, mais aussi en allant faire la revue des gardes-robes des figurants, des fripes etc...ce qui finalement est cohérent avec cet espèce de «camp de gitans» plutôt intemporel. Je ne sais pas si ça se ressent vraiment, ce côté un peu post-apocalyptique ? J'ai voulu éviter les clichés du genre mais c'est aussi quelque chose que je voulais transmettre, une histoire qui pourrait se dérouler aussi bien il y a 30 ans que dans 30 ans. J'ai voulu jouer de certains clichés, mais aussi en éviter certains inhérents au style. 


HFIS : La question qui tue, comment définir ton EP, le plus simplement possible?

C : Hybride, je l'espère.

HFIS : Et pour la dernière, carte blanche, le mot de la fin.

C : Je ne sais pas trop, je me demande toujours ce qu'il faut dire dans ces cas là, donc en général je ne dis rien. J'espère simplement que les gens apprécieront le fait que c'est tourné à l'international dans le sens où c'est un EP exclusivement en anglais. C'est un choix. C'est compliqué pour moi d'écouter du rap français au jour d'aujourd'hui (en dehors du Saian Supa Crew, IAM et Booba) car selon moi c'est plus quelque chose qui s'écoule, donc un «flow», avec une mélodie permanente des mots, de la voix, mais pas forcément du sens même si j'essaye d'accorder un soin particulier aux textes. Ça ne me dérange pas d'écouter des choses très décérébrées, dès lors que la musique des mots me plaît... Donc c'est une volonté propre. C'est un moyen de se concentrer vraiment sur la musique, de la vider de son sens, et de l'apprécier dénuée de tout contexte, simplement comme une onde.

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Merci à lui d'avoir consacré un peu de son temps, et à Bertille pour la correction.



jeudi 21 mars 2013

Mathias Delplanque - Chutes (Baskaru ‎– karu:023) 2013




Plus d'un mois s'est écoulé depuis le dernier papier. Entre la sortie des compilations et les examens de fin d'année, impossible de trouver le temps pour user mon clavier. Je me doutais bien que le bus serait difficile à rattraper, que je passerai forcément à côté de nombreux chefs-d'oeuvre, mais fort heureusement j'avais pris soin de mettre quelques albums de côté que j'ai pu écouter, ré-écouter encore et encore, trouvant une petite heure par-ci par là pour profiter pleinement. Chutes en fait parti. Depuis un mois il reste figé sur mon desktop, isolé, mais bien en évidence. Tout d'abord parce que l'artwork, bien que pleinement minimaliste, est tout simplement une tuerie. "Efficlasse" comme il dirait (salut l'ami). Deuzio, parce que c'est un album intrigant, qui attise une curiosité sans égal. Chaque nouvelle écoute ouvre de nouvelles portes, crée de nouvelles perspectives et de nouveaux paysages, réinvente sa propre expérience sensorielle. Ni abrupt ni brutal, ses volutes sont torsadées sans jamais céder. Certaines phases peuvent être assimilées aux travaux architecturés d'Amon Tobin, période Isam (Night Swim). 

Mathias Delplanque maître du hasard, de l'imprévu et du retournement de situation. Chutes, un disque à la beauté hésitante, et qui avance, tout en retenue, sur des charbons ardents. Réflexes nerveux ou bien spasmes forment une chorégraphie à part entière, un ballet tout en contres-pieds, bancal mais plein de grâce. Les mots sont scindés, mâchés, les phrases prennent des tournures étranges, comme cryptées au final. So, Ru, Fell, Vi, Bu, Flo, Alo, échantillons de poésie que l'on tentera alors d'assembler comme bon nous semble, superposant ce papier déchiré à quelques textures ornant déjà le tableau. Un jeu d'échantillonnage  imprévisible et donc passionnant, dont on ne cédera pas la moindre miette, dont on analysera et retiendra chaque micro-son tant le tout fourmille de bonnes choses. Mathias Delplanque sculpte ses instruments au scalpel, ou bien les dépoussière à la brosse à dents, retirant avec grande minutie chaque particule recouvrant sa création. Comme un paléontologue de l'electro-acoustique, l'homme semble pourtant trouver ce que personne ne supposait pouvoir exister jusqu'à maintenant. 

Une précision mathématique quant au travail accordé au moindre petit son extirpé, Chutes fouille le subconscient de chacun, et ramène à la surface notre âme d'enfant. Car en s'attardant sur sa méthode de travail, on ne peut que rester ébahis, l'oeil humide et le sourire aux lèvres. Le morceau FELL, en vidéo ci-dessous, ne contredira pas ce constat. C'est du costaud.

Divers interprétations me viennent à l'esprit, pour ne pas dire des dizaines. Comme je le mentionnais plus haut, les écoutes se succèdent et le ressenti ne cesse de se développer, toujours de manière purement positive. Vestiges d'un album photo empli de souvenirs? Carnet de voyage? Pur exercice technique? Ne cherchons pas midi à 14h, de toute manière cet album est une franche réussite, du début à la fin. Un album que je prendrai plaisir à réécouter dans 1 mois, 2 ans, une décennie. Eternel, dans une sphère temporelle totalement indépendante et statique. Chapeau bas. Mention spéciale à l'ultime morceau, ALO, parcouru d'une tension simplement exceptionnelle de maitrîse.

Have Faith!

ps: Tracklist et extrait supplémentaire sur le site du label, que je découvre à l'occasion.




Mathias Delplanque : "Fell" from Bruit Clair Records on Vimeo.

lundi 4 mars 2013

Have Faith In Sound presents Charming Sepulcher Part 3 (Various Artists - Free download)


Voilà donc le petit dernier! Agissant comme la lueur d'espoir au milieu d'une charge de noirceur conséquente, cette partie 3 vient donc nuancer et clore cette épopée préparée depuis plusieurs mois. Ambient, IDM, downtempo, glitch et même néo-classique voire post-rock en toute fin sont au programme. En espérant qu'une fois de plus vous pourrez découvrir des petits bijoux. N'hésitez pas à continuer de faire tourner, tout restera en free download. Un grand merci une nouvelle fois à tout les participants!

Ce ne sera pas la der des ders!

ps : Grazie mille a te Sebastiano, il tuo aiuto e il tempo investito per Have Faith In Sound è stato benvenuto e piacevole.

HAVE FAITH


mercredi 27 février 2013

Have Faith In Sound presents: Charming Sepulcher Part 2 (Various Artists - Free Download)



Deuxième partie de notre escapade Charming Sepulcher, après le premier tome balancé hier pendant la nuit. Cette fois-ci, il n'est plus question de drones épais et autres saturations noisy. Cette partie là, tout aussi sombre, arpente des sentiers bien plus épurés, privés de toute forme de rythmique à proprement parler (vous y aurez droit via l'ultime chapitre qui sera en ligne dans la semaine). De l'ambient et encore de l'ambient donc. Je ne pense pas prendre trop de risques en disant alors qu'il s'agit de la partie la plus homogène des 3. Un grand merci encore une fois à tous ceux qui ont participé. Enjoy!

HAVE FAITH*



lundi 25 février 2013

Have Faith In Sound presents: Charming Sepulcher Part 1 (Various Artists - Free Download)




Le webzine Have Faith in Sound est heureux et fier de vous présenter la première partie de sa compilation Charming Sepulcher! Prévu à l'origine pour accueillir une quinzaine d'artistes, le projet a finalement pris de l'ampleur grâce au " bouche à oreilles " pour au final se décliner en 3 parties distinctes. Il y a par ailleurs quelques noms présents sur les 3 parties dont je n'avais jamais entendu parler avant de me lancer dans le mailing intensif. En définitive, tout le monde a joué le jeu, et a proposé un morceau qui pouvait traduire ce concept si ambiguselon une vision très personnelle. Certains se sont greffés au projet à la dernière minute, quelques semaines voire quelques jours avant le délais de rendu. Merci à eux donc. Un grand merci également à Sebastiano Festa (aka Colony) et  Davide Saggioro (wisestudio.it) pour tout le travail réalisé en interne (master, découpage des parties/tracklisting). La compilation est en free download, ou en écoute libre sur le bandcamp du blog!


Charming Sepulcher : Part 1 est la plus dense, la plus noisy et la plus sombre des trois. Les 2 suivantes arrivent très bientôt!

HAVE FAITH


jeudi 7 février 2013

Aynth - Daena yn hsytoria (Self-Released) 2013


" I thought about this many times but I made a final decision. Aynth is dead but I will not leave without over an hour of Aynth sounds. This is "Daena Yn Hsytoria", including all tracks from the planned album, two remix versions by MindDivided and Broken Fabiola and two bonus tracks. I hope that you will like it, it`s free anyway! Thanks for the support anyone!!! "



Nous n'en saurons pas plus, mais voilà, c'est chose faite. Je crois que c'est l'une des première fois à laquelle j'assiste au suicide d'un projet, du moins un projet qui aura malheureusement si peu vécu. Nous ne savons que peu de choses à propos du personnage, seulement qu'il est semble-t-il originaire d'Irlande, et que son alter ego est né " le 1er janvier 1000, se base sur un univers fantastique nommé Anthropoda". Une oeuvre conceptuelle, éphémère et troublante, habitée d'une violence neurasthénique. En guise de cadeau d'adieu, Aynth nous offre son premier et dernier album, après quelques EPs sortis l'an dernier. Difficile d'oublier sa précédente sortie, Maeát, brutale au possible, suintante de sonorités indus et noisy. C'est sur ces caractéristiques bien précises qu'Aynth a construit son travail. C'est aussi via cet EP que j'avais découvert le bonhomme, à "l'époque". 

J'avais senti en lui un grand potentiel, dans la mesure où son travail pouvait évoluer et bâtir alors un véritable roman, chaque nouvelles sorties édifiant un nouveau chapitre à son histoire rétro-futuriste où les fées clochettes se défoncent à l'anti-dépresseur, sur toile d'apocalypse frénétique. Nous n'en saurons donc pas plus sur ses motivations à vouloir rompre avec ce monde fascinant. Il ne nous quittera toutefois pas les mains vides, nous offrant en libre téléchargement (comme à son habitude) un album, constitué de 11 titres dont 2 remixes. A mi-chemin entre Lucidstatic et Autechre (Chiastic Slide), Daena yn hsytoria pue la ferraille rouillée et l'humidité à plein nez. La mélancolie enveloppante est soutenue de main ferme par des saturations dégueulasses émiettées d'autant plus par des kicks nourris au fast food à la Klaus Kinski (Scape Destructive Putrescent). Au vue des références qui nous viennent à l'esprit, difficile de mettre en avant le caractère original de la musique de Aynth (hormis l'univers qu'il a crée autour, et le fait que le côté indus soit sacrément poussé), mais plutôt l'efficacité qui en émane. Il ne réinvente rien, mais le fait très bien, comme beaucoup le diront. 

Nous retiendrons donc le lent creshendo du titre introductif Maeva qui installe avec justesse son lit de clous oxydés. Difficile de passer à côté de son successeur Trivad Traeyun, chorégraphie aux nerfs à vif qui rappelle donc directement cet artwork aux accents organiques, sorte de gros plan d'une opération à coeur ouvert. Impossible également de ne pas frémir face aux mastodontes Saynt ou Nau Ymmaru V2, projections de machineries en activité où jaillissement de vapeurs, grincements de mécanisme usés et fracas de turbines forment un château de carte pour le moins opérant. Les remixes sont à la hauteur du travail déjà accompli, revisitant un titre daté de mars dernier, Saipentia, inclu dans le premier EP Essentianephe. Peut-être plus cybernétiques dans l'âme, le photomontage est pourtant bien réussi, en particulier le remix de Broken Fabiola feat. digital rape, tout aussi bon que l'original, voire meilleur.

Triste nouvelle donc d'apprendre que le personnage jette l'éponge. Peut-être (surement?) le retrouverons nous via un prochain alias. Son univers profondément torturé en séduira plus d'un, moi le premier.

Have Faith! (Free Download)

jeudi 24 janvier 2013

Mattr. - I Ate Some Darkness (Self Released) 2013

"this is an album. it's an album i had been working on for quite some time. it's far from being perfect and even further from being perfectly or professionally mixed and mastered, but i think it's pretty good, but never trust the people. you have already known that, i guess."

Apparition inexpliquée, phénomène surnaturel, tout ce que peut laisser sous-entendre cette silhouette juvénile à l'allure presque ectoplasmique choisie pour illustrer cet opus. Le genre d'artwork intrigant au possible souligné par un petit détail, cette flèche rouge pointant cette minuscule masse noire, comme pour cibler un OVNI apparu on ne sait où, on ne sait comment. Canular ou pas, I Ate Some Darkness quand à lui, ne triche pas. Accouché en tout début d'année par le suisse Mattr. basé à Berne, qui nous régalait il y a tout juste 4 mois d'un autre excellent album (Wasting my life, en écoute ici), le beatmaker revient en force avec cette production solide, aux confins d'un abstract hip-hop plus noire que noire, bien plus que son prédécesseur, malgré une atténuation notable en milieu d'album. Le niveau monte d'un cran, constat d'autant plus honorable puisque excepté l'artwork, Mattr. s'est occupé d'absolument tout: production, mix et mastering. Un DIY mêlé à une grande modestie, à en croire les quelques mots laissés par le musicien sur son bandcamp.

A world I used to know entame le périple, le ciel est pourtant dégagé, mais rapidement saturé de cumulus opaques aux couleurs peu rassurantes. Guidée par un beat de 10 tonnes sans concession, cette mécanique là est inébranlable, plante ses fondations à des centaines de mètres en profondeur, éviscérant les sols, fracassant les architectures. Parenthèse ouverte, si Mondkopf se mettait au hip-hop, il y a de grandes chances que ça ressemble à ce morceau. Parenthèse refermée. Au fil de l'album, l'ambiance évolue, joue en dents de scie entre noirceur extrême et douce tristesse. Retenons ainsi le contraste entre le flippant Life Is Over There, ses voix glaciales sorties d'outre-tombe, non-identifiables, ses blips abyssaux, avec à l'opposé de ce tableau le magnifique All the pain I did not feel, (presque) seul essai au piano de l'album.

Ce qu'il y a de remarquable dans tout ce travail, c'est cette capacité à ne pas nous ennuyer une seule seconde. La temporalité est extrêmement bien maîtrisée, les tracks évoluent sans cesse, relancent leur machinerie à des moments terriblement bien choisis. C'est le cas notamment de They will forget the light qui a mi-parcours, usant toujours des même outils, arpente une direction totalement différente pour débouler sur une deuxième partie tout simplement superbe, gonflée d'émotion feutrée par une voix féminine samplée face à laquelle il est difficile de rester de marbre. Dans le même registre, impossible de passer à côté d' I had been hungry all the years, plus downtempo dans l'âme. une nouvelle fois, nous sommes pris à contre-pied, ayant l'impression d'écouter plusieurs titres mixés en un seul. Grave erreur, après nous avoir mis à l'écart à grand coup de pelle dans la tronche, le beatmaker nous rattrape au dernier moment pour réitérer l'affaire une nouvelle fois. Multipliant les fausses pistes, il parvient tout de même à garder une grande cohérence et de ce fait à susciter une grande admiration. Il se joue de nous, et on tombe carrément dans le panneau.

Personnalité discrète du fait de sa parfaite autonomie (même si l'on est d'accord, les deux ne font pas forcément la paire), la musique de Mattr. n'en demeure pas moins poignante, faisant écho d'une grande maturité. À suivre de très près donc. Par ailleurs, le téléchargement digital permet de débloquer 3 pistes bonus pour lesquelles je vous laisse faire votre propre opinion.

La grande classe, Have Faith!


dimanche 13 janvier 2013

Saåad - Orbs & Channels (Hands In The Dark - HITD014) 2013



Après avoir tenté de digérer cette année 2012 riche en découvertes et en surprises, il est temps de passer un cap. L'année 2013 s'annonce tout aussi intense, ce Orbs & Channels en est d'ores et déjà un bel exemple. Vous remarquerez donc qu'une nouvelle fois, la musique "atmosphérique" est mise en avant, c'est un choix pleinement assumé. Je n'aime pas dire ce genre de choses, car ça ne fait pas 15 ans que j'en écoute, mais l'IDM peine à se renouveler, ou peut-être qu'elle ne me fait plus vibrer comme avant, à quelques exceptions près bien entendu. Le top 2012 vous apportera les réponses quant aux noms auxquels je pense. Nous gardons tout de même foi en ce style, 2013 sera sûrement un nouveau départ. Parenthèse refermée, revenons à nos moutons. Un brin de chauvinisme pour cette fois, avec le retour en force du duo toulousain Saåad (Romain Barbot, Greg Buffier) qui fin janvier prochain nous régalera d'un nouvel album. À vrai dire, leur premier album en duo, purement personnel donc, Confluences et Sustained Layers étant soit une commande soit une collaboration.

10 nouveaux morceaux, s'étalant approximativement entre 2 et 6 minutes. Drone monolithique et ondulation de cordes. Pièce impressionnante, d'une intensité inouïe, entre architecture en acier trempé et structure rocheuse érodée par les éléments. Orbs & Channels, une oeuvre aérienne qui nous aspire vers des degrés stratosphériques. L'immersion se veut radicale, pleine et inconsciente. Une forme d'hypnose qui prend vie dès les premiers instants de Hieronimus et ses drones épais comme des portes blindés. Tout aussi imposante que majestueuse, cette pièce là culmine alors sur une ambiance des plus monacale. La taloche était déjà à prévoir. Les deux acolytes savent réellement y faire, tiennent en haleine du début à la fin en dépis du caractère impénétrable de leur production. Comme mentionné plus haut, ce bloc de granit est bel et bien poreux, creusé de part en part à l'aide de tout un panel d'effets bien sentis.

À l'image du douloureux Forever Late, l'album réussit avec précision à créer un juste milieu entre nappes opaques et émotion à l'état brut, tout autant au sein même des morceaux que via leur enchaînement, qu'il aurait été difficile de mieux penser d'ailleurs. Que dire alors de Hangover #8, puisque jamais auparavant une gueule de bois ne vous aura paru aussi agréable. Du grand art. Au moment même où j'écris ces lignes, un morceau me reste en tête, même après une vingtaine d'écoute. Celui qui viendra parfaire cet objet déjà si admirable. Celui qui clôture un album de la plus belle des manières, cette "drogue douce" dont on ne peut plus se passer. N'ayons pas peur des mots, Soft Drug est l'un des plus beau morceau qu'il m'ait été donné d'écouter. Fallait quand même avoir des burnes pour oser le placer à la fin d'un voyage déjà excellent. Le coup de poker qui calme tout le monde et qui impose le respect.

Chaque morceaux mérite quelques lignes, tant ils sont uniques et captivants. Impossible d'oublier la magnificence d'Au delà, la force inébranlable de ses soubassements (tout comme Potsdamer Platz, Lure Of Conquests), le charisme sans faille de cette guitare obnubilante qui oscille, reste fidèle à elle même, humble. Il m'aura fallu pas mal de temps pour écrire sur cet album, que j'ai tenté de comprendre petit à petit. Chaque nouvelle écoute n'a fait que renforcer mon enthousiasme à son sujet. Un disque qui fluctue entre terreur abrasive et beauté ensorcelante, ou terreur ensorcelante et beauté abrasive, à vous de voir.

Have Faith!

(Édition limitée, très limitée, foncez vous procurer la cassette ici!)


jeudi 10 janvier 2013

Synthetic Violence - Our Heaven (Abstrakt Reflections - AR_026) 2012




L'expérience que propose Our Heaven est celle que chacun d'entre nous peut connaître, qu'aucun de nous ne souhaite oublier, un rêve totalement halluciné, un idéal empli de passion d'un réalisme transcendant. Dans The day when I first saw you, ce rêve éveillé est avant tout une rencontre, une émulsion douce et raffinée, on ressent une étrange légèreté, un flottement, tout n'est que paix et c'est pourtant une réflexion profonde et intense qui prend progressivement le pas sous le courroux d'un beat enjoué. Toute cette agitation synaptique ne fait cependant pas écho sur l'harmonie dominante qui a le dernier mot.

Cette cure si voluptueuse, douce en apparence est la cause de séquelles cognitives alors imperceptibles que les sons raffinés de Rare neurological condition et You alone will have the stars as no one else has them viennent introduire. Une métamorphose s'amorce alors avec le premier, c'est en fait une invitation masquée aux émois oniriques. Celle ci se dévoile, plus stridente que prévu, bosselée de glitches sur une rythmique déterminée, piste emplie de sonorités percutantes contrastant avec l'arrivée massive de son successeur qui lui, façonne le rêve, l'environnement et lui confère un visage, un caractère, une expression unique qu'aucune autre identité ne saurait arborer.

Our Heaven, titre éponyme, est la finalité de ces efforts. L'univers est en place, tout n'est que plaisir, liberté, plus rien n'est impossible. Non vous rêvez bien, mais vous êtes éveillés, chaque son veut résonner plus loin et toujours aussi fort. C'est un voyage au cœur de l'inconscient où tout, jusqu'au fracas imperceptible des masses gazeuses enivrantes, semble vouloir suivre une certaine vision de la perfection. I am drowning in your eyes, c'est cet instant, magique, envoûtant où elle apparaît. Une entité spectrale, qui n'a rien de désagréable. Elle vous observe, cherche votre regard, elle esquisse un sourire laissant comprendre toute la bienveillance qu'elle a à votre égard. Plus rien ne compte, seuls des battements et souffles constants viennent embellir l'infinie tendresse de ce moment.

C'est en recherchant un contact plus physique que survient cette agitation soudaine. Pain as a source of pleasure, ce mouvement cérébral, vient balayer la quiétude environnante, cette apparition si pure s'en va en lambeaux, laissant place à un beat violent, certainement le plus terrible. Une douleur féroce se fait sentir, il faut s'en nourrir. Puis fuir, là où la nature se réfugie dans ce qu'elle a de plus beau à nous offrir, ce que développent Dreams of whales, Escape from the sun ou encore Clouds are like ocean of milk à travers différents éléments et agglomérats substantiels, toujours dans une sérénité exemplaire. 05min02 pour agir, ce rêve ne peut finir. Il doit continuer, aborder l'éternité, thématique onirique finale largement déblayée, propulsée sur un rythme déchaîné via On the edge of ethernity (for Mark), une conclusion en apothéose.

Le portrait doux et non moins virulent d'un paradis que chacun conçoit à sa manière, tantôt dépeuplé sitôt repeuplé. Une ode à l'amour que chacun porte en soi, qu'il confine dans un bouquet d'émotions et d'émerveillements. Our Heaven vante avec brio les mérites de l'expérience onirique que peut représenter une vie, jusque dans ses derniers instants, aux frontières de l'infini. Percutant, époustouflant.

- Trebmal -


jeudi 3 janvier 2013

Bilan 2012 - Tops annuel

Impossible d'être synthétiques. Il n'est aucunement question de cracher 3000 noms par catégories, ce qui de surcroît rend la tâche difficile (qui est déjà bien ardue) et surtout hasardeuse. Si vous avez suivis soigneusement chaque article de ce modeste webzine, et un tant soit peu l'actualité facebookienne, vous vous rendrez compte que ce classement est différent. Il ne prend pas en compte (ou presque) les albums défendus par ici. C'est donc notre premier bilan annuel, et ayant passé une année relativement chargée, il est fort probable que nous soyions passés à côté de pépites qui à coup sûr auraient fini dans nos colonnes.  Plusieurs très bons labels sont donc passés à la trappe. Désolé pour eux. Trêve de suspense, des noms, des liens, point barre!


Albums:


1 - Nebulo - Cardiac -  (Listen)
2 - Syndrome - Now and forever - (Listen/Watch)
3 - Bersarin Quartett - II - (Listen)
4 - VNDL - Gahrena : Paysages Electriques - (Listen)
5 - Evan Caminiti - Night Dust - (Listen album preview)
6 - Shifted - Crossed Paths - (Listen one track)
7 - Talvihorros - And It Was So - (Listen two tracks)
8 - Kane Ikin - Sublunar - (Listen/Watch)
9 - Vieo Abiungo - Thunder May Have Ruined The Moment - (Listen)
10 - 36 - Lithea - (Listen)
11 -  Spheruleus - Cyanometry - (Listen)
12 - Paskine - UNTTLD - (Listen)
13 - Valgeir Sigurðsson - Architecture of Loss - (Listen album preview)
14 - Sturqen - Raia - (Listen)
15 - Insa Donja Kai - Insomnie Joyeuse - (Listen)
16 - Monolake - Ghosts - (Listen album preview)
17 - Talvekoidik - Negotiate The Distance - (Listen one track)
18 - Damian Valles - Non Parallel - (Listen excerpt)
19 - AfarOne - Lucen - (Listen)
20 -  Aluk Todolo - Occult Rock - (Listen two tracks)
21 - Matter - Solid State (minialbum) - (Listen)
22 -  Ekca Liena - Light Procession - (Listen)
23 - Listening Mirror - On The Passing Of Chavela - (Listen)
24 - Saåad - Confluences - (Listen)
25 - Delphine Dora - A stream of consciousness - (Listen)
26 - Tobias Hellkvist - Everything Is Connected - (Listen album preview)
27 - ULNA - Ligment - (Listen)
28 -  Christ. Cathexis Motion Picture Soundtrack - (Listen)
29 - Évo Lüthi with Monolyth & Cobalt - Le Parfum - (Listen)
30 - Recondite - On Acid - (Listen excerpts)
31 - Bvdub - The First Day - (Listen album preview)
32 - The Blood of Heroes - The Waking Nighmare - (Listen one track)
33 - C_C - Retroaction - (Listen
34 - Sync24 - Comfortable Void - (Listen)
35 - Fire! with Oren Ambarchi - In the Mouth - A Hand - (Listen one track
36 - Orbique - Always Now Never After - (Listen)
37 - r.roo - Mgovenie - (Listen)
38 - D.Rhöne - Chapt.1 - (Listen)
39 - Zelienople - The World Is A House On Fire - (Listen)
40 - Eversham - Eversham - (Listen)



EPs:

1 - Thot - The Fall Of The Water Towers - (Listen)
2 - Ynoji - Quemira - (Listen)
3 - Kangding Ray - Monad XI - (Listen)
4 - Spheruleus - Revolving Fields - (Listen)
5 - Sawlin - Vault Serie 12.0 - (Listen)
6 - Leonardo Rosado - The Blue Nature Of Everyday - (Listen)
7 -  Trollhead - On The Loose - (Listen)
8 - Kaeba - Synthetic Ice Cream [For Droids] - (Listen)
9 - Moiré - Hush - (Listen)
10 - Aynth - Maeát - (Listen)



Splits:


1 - Akito Misaki/Colony - Cities Apart - (Listen)
2 - Talvihorros/Ekca Liena - Swarm with Swarms (Listen 2 tracks)
3 - ___dREàgänN!!!, Julia LaDense & Mantichora - Dark. - (Listen)
4 - Brume / Oublier Et Mourir - A Year To Live (Practice Dying) - (Listen)
5 - Pleq/Philippe Lamy - (Listen
6 - Year of No Light / thisquietarmy - (Listen)



                                                    Révélations/Revelations:



1 - Brou de Noix (Series EP) - (Listen)
2 - Orbique (Always Now Never After) - (Listen)
3 - Eugene Hammond's Ramshackle Black Packard - You Stretch Clear Into The Distance - (Listen)
4 - Label Etched Traumas - (Bandcamp)



Labels:


1 - Xtraplex Records
2 - Denovali
3 - Hymen Records 
4 - Blwbck
5 - Kvitnu 
6 - Stroboscopic Artefacts
7 -Bedroom Research  
8 - 12k
9 - Abstrakt Reflections
10 - Home Normal


Artworks:

1 - VoxxoV Records - Fall Is A House Of Gold And Rain (Compilation) - (Here)
2 - Xtraplex Records - (Here)
3 - Richard Devine - Risp - (Here)
4 - Spheruleus - Cyanometry - (Here)
5 - D.Rhöne - Chapt.1 - (Here)