samedi 15 septembre 2012

Broken Harbour - Broken Harbour (Not on label) 2009



Trouvé une fois de plus à tout hasard, voici en guise de reprise d'activité un petit chef d'oeuvre ambient qui je l'espère compensera cette longue attente aucunement intentionnelle. La faute au haut débit. Opérons un grand détour outre-atlantique avec le projet Black Harbour du Canadien Blake Gibson auteur l'an passé du Gramophone Transmissions renouant quant à lui avec un certain sens de la mélodie, à contrario de son album liminaire éponyme qui nous intéresse aujourd'hui, où tension minimaliste et endurance hypnotisante croisent le fer. Un résultat parfaitement fascinant à condition de s'abandonner pleinement au processus. Car en réalité, la muraille drone au demeurant infranchissable entourant l'édifice s'avère être victime du poids des années passées, laissant à notre disposition de quoi traverser via quelques interstices de roches érodées, formant ainsi un chemin direct vers des contrées infréquentées et totalement désertiques.

Traduction de quelques rêveries autour de l'exploration cosmique, le résultat est d'autant plus contemplatif qu'il expose une tranquillité extrême bien rarement perturbée. Émerveillés par ce nouveau paysage tout en poussière et rocailles, c'est un réel sentiment d'impuissance qui ne tarde pas à prendre le dessus, car au milieu de tout cela, nous ne sommes rien, juste quelques particules de plus. Les puissants tremblements de Beauty in Desolation pt.1, que Talvihorros et son plus coloré From Within A Hollow Body (part 1) ne bouderaient pas font état du panorama dont on ne perçoit pas les limites, n'ayant aucun point de repères. Très peu de variations de reliefs et de climat, le tout étant schématisé en 18 minutes qui sont à couper le souffle. Mais finalement, l'endroit est-il vraiment inhabité? Car oui, l'enthousiasme laisse rapidement place à une angoisse pesante, car quelque chose rode autour de nous, nous ne voyons rien, mais nous le sentons.
A quelques kilomètres de là, au milieu de rien, quelques formes ectoplasmiques errantes et tournoyant parfois même autour de nos chairs nous poussent à penser que finalement nous ne sommes pas les premiers êtres vivants à avoir foulé ce sol. De votre côté, vous etes totalement figés, plus statique encore qu'un monolithe.

C'est finalement avec Requiem For Dead Spaceman que la Canadien ébauche un semblant de sentiment, dressant un voile de tristesse sur ce morceau au nom évocateur. Un autre homme est passé par là. Ce paysage fût le dernier imprimé dans sa mémoire, son corps repose désormais ici, à tout jamais. Adjoint de spoken word masculin en toile de fond, le titre prend alors une dimension plus cérémoniale, comme une dernière prière pour le courageux astronaute défunt. Déchirant. La suite est de ce fait appréhendée de tout autre manière, revisitant ce lieu à la beauté désolée pour en extraire une tonalité plus effrayante. Les nappes s'épaississent, l'atmosphère s'alourdit. L'ultime piste est une petite merveille brumeuse de progression drone.

L'immersion repose sur un jeu d'infra basses absolument impressionnant. L'expérience est à vivre au casque, volume à fond tant que faire se peut. L'album est long, mais inutile de vous dire que vous ne perdrez pas votre temps. Disponible en CDr pour 10 euros environ (shipping inclus) sur le bandcamp ci-dessous, faites vous plaisir si les longues plages de drones statiques ne vous effraient pas. 

Have Faith!

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