vendredi 5 octobre 2012

afarOne - Lucen (KR007 - Karlrecords) 2012


Une pincée de rythmique au programme d'aujourd'hui, après une consistante aparté ambient sur les 3 derniers articles. La transition sera tout de même subtile puisque Stefano Ruggeri à l'origine du projet afarOne déploit un panel de beat bien aiguisés mais d'une fragilité certaine, combinés avec élégance au néo-classique omniprésent d'un homme aficionado du métissage entre instruments classiques et productions assistées par machine. Une sauce qui prend rapidement puisque dès les premiers instants, le soundscaping nous harponne sans retenue jusqu'à l'apparition de la première ébauche rythmique me faisant étrangement penser au travail de Carbon Based Lifeforms, en plus déconstruit. L'album, qui a déja quelques mois derrière lui, a vu le jour sur la superbe structure KarlRecords, à l'origine du gigantesque The Sum Of Disappearing Sounds (Cezary Gapik) ou de l'excellent Ligment signé Ulna, dont vous trouverez les aboutissants littéraires ici et ici. N'ayant pas perdu le fil conducteur du label du point de vu qualité, vous comprendrez d'emblée que le produit vaut son pesant de cacahuètes.

Modeste tentative synthétique de décorticage, commençons par le commencement. Le travail d'afarOne présente des similarités avec r.roo, recrue des structures Tympanik Audio ou encore Raumklang Music. Une preuve en plus du caractère pertinent du rendu. Pour en finir avec les comparaisons, on retrouvera parfois même quelques dénominateurs communs avec Access To Arasaka, dans la manière de traiter le glitch et les ambiances glaciales (Gordon), en moins appuyé toutefois. Des productions sensibles, organiques, toujours teintées d'une mélancolie transpirante, flirtant parfois même avec des paysages plus obscurs. Nous parlions plus haut du soundscaping d'introduction, qui pour en remettre une couche parvient à adoucir nos humeurs d'un claquement de doigts. Le genre d'univers susceptible d'effacer toute présence environnante, laissant l'opportunité à l'imagination de jouer comme bon lui semble. Le piano, chef de fil de ce roadtrip aux environnements tout en désaturation colorimétrique, transperce l'épiderme avec cette triste douceur on ne peut plus imprégnante, nous paralysant sans effort de la tête aux pieds. Souvent, les notes sont amenées distinctement, placées avec recul et réflexion, leur laissant le soin de germer pour finalement s'étendre loin, infiniment loin (Stavrogin). Les blancs sont alors compensées par les beats glitchés un brin organiques contrebalancant l'épaisseur des nappes discrètes ( à quelques exceptions près) mais délicieusement profondes.

6 premiers titres brièvement analysés. Arrive donc Ming, l'atmosphère devient plus lourde, mais aussi plus troublante. Les trois quarts de la piste nous renvoient l'image d'un panorama intensément brumeux, les nappes sont sourdes, rien ou presque ne nous permet d'imaginer ce qui nous attend, mis à part quelques balbutiements d'instruments classiques, rapidement submergés par ce brouillard épais, seul personnage de l'histoire. Plissant les yeux, nous arrivons au terme de quelques minutes de désorientation totale à entrevoir quelques éléments de repère. C'est au final sur un tourbillon limpide voire même aveuglant que l'excursion se clôt, avant d'enchaîner sur le magnifique mais non moins capricieux Trial and Error vacillant entre interférences statiques, noise corrosif soutenu à grand coup de kick saturé, etc etc...

Très bel opus, qui promet un bel continuité, sans jamais répéter les même recettes. Un travail rythmique finement taillé au service de plages ambient et de mélodies classiques saisissantes en font un exercice de style à déguster encore et encore.
Acheter en digital ou physique ici, en écoute intégrale juste en dessous.

Have Faith!

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