lundi 3 décembre 2012
Djorvin Clain - Pattern of Thought (SSCD12 - Silent Season) 2012
Pattern of Thought s'exprime dans une langue de croyants.
Profitons une nouvelle fois des ressources du plat pays en stoppant notre escale du côté de Courtrai avec Djorvin Clain, qui officie depuis déjà quelques années dans la sphère techno/ambient. Pour faire simple. Si l'univers du belge vous attire, sachez également qu'il se fait connaître sous le pseudonyme Drona Orchestry, alter-ego sous lequel il a sorti son premier album en octobre 2011, et sur lequel nous pouvions d'ores et déjà entrevoir un attrait pour les enregistrements en extérieur. Toujours dans cette optique, Pattern of Thought s'oriente néanmoins vers des productions techno solides, bien qu'étant bâties comme une façade, à mon humble avis. Comme si ce n'était finalement pas tout à fait le fil conducteur de cet album, qui pourtant scinde les deux genres et les enchaînent à tour de rôle à égalité parfaite. Pour être honnête, c'est avec 6 mois de retard que j'ai découvert la galette, et c'est son caractère tout à fait particulier qui me pousse donc à entamer ce blabla.
Intro. Les esprits s'affairent, les masses se frottent et les matériaux se frôlent, s'entrechoquent et s'ébranlent dans une ambiance crépusculaire d'entrepôt qui se réveille et se dégèle peu à peu. Un matin comme un autre, grisailleux, au thermomètre se hissant péniblement au dessus de 0. Et là, les machines se remettent en route. Structured Signature captive malgré son apparence aride. Kick aux textures terreuses, mais au fonctionnement bel et bien mécanique, voire architectural si l'on suit l'intitulé du morceau. Structure solide, mais paradoxalement bancale, sous des faux airs de Frank Gehry et sa "maison qui danse", propulsant le morceau en dehors de toute binarité mathématique propre au modèle conventionnel techno. Cela ne se joue pas à grand chose certes, mais nous sommes là, devant ce fait accompli, contemplant les nappes hallucinées d'arrière plan qui nous sirotent avec leurs grandes pailles de velours. Des effluves dub techno se font sentir ci et là, à travers le somptueux Ussim et peut être plus distinctement sur Enigma. Un disque froid, triste, organique, embelli par l'ajout de quelques captations d'ambiances sonores environnantes (field recordings, reel to reel tape). Organique oui, pleinement, car outre les grondements orageux d'un Deep Storm pris sur le vif, c'est avec des titres tels que The Untitled one ou Somewhere (un poil moins triste que les autres) que le belge parvient à nous retourner les tripes. Termes plutôt propices, puisque les sonorités employées semblent comme émaner d'un estomac en activité. A la fois rond et liquide, les cymbales venant remplir leur fonction de sucs gastriques, ce voyage là se veut purement interne. Une " mer à l'intérieur " via laquelle les pulsations cardiaques jouent les phares d'Alexandrie. Tout aussi pénétrant, Kajimeara revient à l'essence même de l'album, du moins à son commencement. Mécanique mal huilée, vapeurs étouffantes des moteurs, hangar rongé par la rouille, et une rythmique inflexible.
Difficile de manquer Never Forgive. Morceau plus démonstratif que ses camarades, cette ambient là est introvertie mais touchante, lisse et cotonneuse, un véritable déchirement une fois terminée. L'épopée tire finalement ses rideaux sur un Dark Modernity taillé dans le granit, l'émotion s'en est allée.
S'approchant de près ou de loin d'un Stephan Bodzin ou flirtant avec la techno expérimentale et marbrée d'un Shifted (je le sors tout le temps celui-ci je sais), pouvant rivaliser avec les pépites ambient signées 12K, Djorvin Clain nous a cuisiné quelque chose de sérieux. Les ambiances tantôt oniriques, tantôt organiques ou pré-cycloniques sont amenées de telle manière que le CD se laisse écouter tout seul, avec un plaisir décuplé à chaque lecture. Immense!
Have Faith
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Quelques tracks sont disponibles à l'écoute sur le soundcloud de Silent Season, et un preview est à disposition sur le bandcamp du label:
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