Oneirogen déploie son univers, la fin d'un règne, un nouveau jour veut se lever. Et c'est au coeur d'une nature apprivoisée que le sifflement des feuilles, le souffle du vent rendent sa vitalité au lieu. Ce dernier, sombre et déchirant, pleinement atemporel, jonché de végétaux s'agitant dans un brouhaha intense. Des effets de reverbes aux angles bien taillés vous font perdre lentement tout repère spatial. Une seconde piste, Consumed, apparaît alors comme un bouleversement. Un bruit mécanique, sourd, puissant s'impose au paysage enchanteresque évoluant sous le poids de cette ambiance décadente. La nature peine à se faire entendre sous l'importance de ces distorsions. Le ciel se fissure de part et d'autre, jusqu'à entendre les échos des plaintes brutales de ces spectres partiellement rematérialisés, qui hurlent de douleur, rejetés du monde des vivants et de la nature elle même, qui veut nier leur retour impromptu.
L'intervention de Hypnocaust est une aura sinistre émanant de leurs restes osseux, poussiéreux tombés du ciel, s'abattant au sol dans un fracas morbide, semblable à l'éveil d'un géant désarticulé. Ces damnés des cieux, criards impitoyables pour l'oreille humaine, viennent finalement s'échouer tout près de vous. Panique et frayeur sont instaurées par ces échos stridents, c'est le visage de la mort elle même qui vous fixe, frisson intense. Cette forêt n'a plus rien de bénéfique, tout n'est que décharné, ombres morbides, puanteur prononcée. Un crissement horrifique persistant, puissant, avec son identité propre, froide et intense.
Cinerum est un apaisement, un épais brouillard souhaitant voiler cet horrifiant spectacle, jusqu'à n'en plus voir l'issu. Les plaintes, fracas, ne sont plus que bruissements funestes, labeurs du fossoyeur. Les ondulations bien moins cassantes, semblent nous porter sur une étendue d'eau. La souillure se détache peu à peu de ce lieu, maudit des damnés, une nouvelle ère veut s'imposer. Sûrement la plus forte représentation des ténèbres dans le coeur d'un homme, Kukulkan par ces quelques accords de guitare, virant à un métal quasi démonique, est le schéma parfait de la conversion aux voies obscures. La haine maîtrisée, l'empreinte de la terreur elle même. Dissolution est l'achèvement de ce périple. Le titre nous plonge dans une métastase ou sorte d'examen introspectif, à l'issue duquel il sera décidé la voie à emprunter.
Une expérience quasi extra-sensorielle, d'une violence rare, appuyée par des sonorités lourdes, pesantes, déchirantes, déchiquetées, de laquelle vous ressortez complètement apeurés, psychologiquement stigmatisés. Une incitation à méditer jusqu'à notre condition humaine, que ces précieux morceaux d'Hypnos nous livrent sous l'égide du compositeur, multi-instrumentiste Mario Diaz de Leon/Oneirogen, via la structure Denovali qu'il est inutile de présenter.
Grand.
Have Faith!
- Trebmal -
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